Hervé
Beurel

UP . 11.09.2025

Inventorier, recoler

Marie-Laure Viale, Substrat #1 Carnet d’un·e chercheur·se, Le Grand Café - centre d’art contemporain, Saint-Nazaire, 2019

La loi de décentralisation de 1982 autonomise les régions et provoque le transfert de la maîtrise d’ouvrage d’une grande partie des commandes publiques réalisées dans le cadre du 1% aux collectivités territoriales”. Elles héritent ainsi d’un patrimoine dont elles ignorent tout et cette méconnaissance provoque une inquiétude sur l’état des œuvres et les conséquences éventuelles des coûts de restauration. Au début des années 2000, l’artiste Hervé Beurel commence à s’intéresser à ces zones urbaines des années 1960 et 1970 et aux décors qu’il repère lors de ses balades. En 2003, la découverte fortuite d’un livre, L’Art présent dans la cité™ provoque une série photographique intitulée Récolement. Édité par la Caisse des dépôts et consignations, l’ouvrage présente des œuvres d’art public dans leur contexte architectural et urbain à la fin des années 1960, période charnière où les artistes et les architectes s’engagent ensemble dans une nouvelle mission : créer des environnements pour améliorer le cadre de vie des habitants. À ce propos, M. Lantenois, directeur général-adjoint de la Société Centrale Immobilière de la Caisse des dépôts et consignations (SCIC), apporte des précisions lors d’un entretien avec le critique d’art et d’architecture Michel Ragon : « Notre démarche à procédé du fait que nous considérons que la présence d’œuvre d’art dans l’architecture ne doit pas être un événement exceptionnel. Elle doit être une chose considérée comme normale, au même titre que les plantations ou les parhings. C’est pourquoi nous nous efforçons de la généraliser dans chacun de nos programmes ».* Hervé Beurel s’aventure alors dans un périple pour retrouver chaque œuvre dans son contexte. Celle-ci peut être absente, partielle, déplacée, cachée, végétalisée, présente mais invisible. Une fois trouvée, l’artiste cherche la position du premier photographe et prend un nouveau cliché. Hervé Beurel les photographie systématiquement, au fur et à mesure de leur découverte, à la manière d’un constat d’état sans que son goût pour l’œuvre n’intervienne. Ses photographies forment un deuxième ensemble, attestant de cinquante années de transformations sociales et urbaines.

Marie-Laure Viale, Substrat #1 Carnet d’un·e chercheur·se, Le Grand Café - centre d’art contemporain, Saint-Nazaire, 2019