Un parcours proposé par Solenn Morel, directrice du centre d’art Les Capucins à Embruns
« Le monde est rempli d’objets, plus ou moins intéressants ; je ne désire pas en ajouter. » Cette phrase, Douglas Huebler, artiste conceptuel américain, l’a écrite en 1969, après avoir décidé de ne plus créer de nouvelles formes et de faire le constat des choses existantes. En empruntant au réel, il a tenté de faire surgir des fantômes, ce qui n’aurait pu être vu, ni reconnu sans le filtre de son regard.
Julie Hascoët
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Julie Hascoët’s work questions the notions of territory, architecture, entropy, and she extends the practice of photography to a more general research on installation, printed matter and self-publishing.
Un parcours proposé par Solenn Morel, directrice du centre d'art Les Capucins à Embruns
« Le monde est rempli d’objets, plus ou moins intéressants ; je ne désire pas en ajouter. » Cette phrase, Douglas Huebler, artiste conceptuel américain, l’a écrite en 1969, après avoir décidé de ne plus créer de nouvelles formes et de faire le constat des choses existantes. En empruntant au réel, il a tenté de faire surgir des fantômes, ce qui n’aurait pu être vu, ni reconnu sans le filtre de son regard. Ghosts, c’est ainsi que Francesco Finizio nomme les objets domestiques qu’il collecte -cageots, récipients, serrures, entre autres- et qu’il présente comme des figures totémiques issues d’une archéologie imaginaire. La lecture du réel est dès lors liée aux conditions mêmes de son appréhension. Le trouble […]
« Le monde est rempli d’objets, plus ou moins intéressants ; je ne désire pas en ajouter. » Cette phrase, Douglas Huebler, artiste conceptuel américain, l’a écrite en 1969, après avoir décidé de ne plus créer de nouvelles formes et de faire le constat des choses existantes. En empruntant au réel, il a tenté de faire surgir des fantômes, ce qui n’aurait pu être vu, ni reconnu sans le filtre de son regard. Ghosts, c’est ainsi que Francesco Finizio nomme les objets domestiques qu’il collecte -cageots, récipients, serrures, entre autres- et qu’il présente comme des figures totémiques issues d’une archéologie imaginaire. La lecture du réel est dès lors liée aux conditions mêmes de son appréhension.
Le trouble est parfois tel que le réel ne reconnait plus ses fantômes. Pour les répliques de bidons, de chaises ou encore de gamelles en polyester d’Étienne Bossut, le leurre est si parfait que ces formes pourtant connues semblent s’incarner ici pour la première fois. Alors que le caractère factice du tracteur ou de la moissonneuse-batteuse de Pascal Rivet, est là au contraire indéniable, leur réalisation artisanale en bois, délicate et rustique, leur confère une grâce imperceptible dans l’objet initial.
L’apparition de ces doubles permet ainsi de donner une existence propre à ce qui habituellement se dérobe : Une poutre en T que Briac Leprêtre reproduit en polystyrène et inscrit comme composant structurel de l’espace d’exposition, un toit en tôle d’un bâtiment voisin reconstitué au Crédac par Benoit-Marie Moriceau. Les artistes révèlent des qualités sculpturales à des objets pourtant ordinaires.
L’odorat, le sens le plus fortement lié à la mémoire émotionnelle, peut participer à éveiller très précisément la conscience de qui nous entoure. Ainsi Julie C. Fortier, à travers Fantosmies, une installation olfactive et sonore, convoque les fantômes de femmes que l’histoire a oubliées, et répare par la même la perception atrophiée d’un réel qui ne cesse de nous échapper.