Present Future
L’espace de la bibliothèque constitue le point crucial de la pratique de Yann Sérandour. Matière première autant que source d’inspiration et atelier, la bibliothèque représente également pour l’artiste un espace privilégié pour la circulation de ses œuvres. Qu’elles prennent la forme d’inserts, de publications, d’impressions ou d’installations, celles-ci participent d’une approche qu’il qualifie d’interstitielle, venant réactiver et prolonger la pratique d’autres artistes selon des modes qui relèvent du supplément, du parasitage ou du déplacement. Elles procèdent en d’autres termes d’un travail de lecture, avec toutes les dynamiques d’interprétation et d’appropriation que ce terme peut suggérer : « J’utilise des œuvres existantes pour y projeter des intérêts qui me sont propres, comme le fait n’importe quel lecteur de roman », précise l’artiste.
Si, depuis ses premières œuvres, le champ d’investigation de Yann Sérandour s’est principalement concentré sur la production artistique conceptuelle des années 1960 et 1970, dans le prolongement de la pratique d’artistes tels qu’Edward Ruscha, Lawrence Weiner, Raymond Hains et Yves Klein, ses projets les plus récents s’inscrivent dans un champ historique élargi. […] En s’immisçant dans les marges de l’œuvre, dans ses reproductions, dans les commentaires qui l’entourent, la pratique de Yann Sérandour aborde l’histoire de l’art comme un récit susceptible d’être sans cesse remanié. « Mes œuvres, affirme-t-il, s’interpolent frauduleusement dans ce récit pour mieux déjouer sa linéarité et y insinuer des effets de feedback. »