Pizza
Pizza, 2016
Disques cartonnés pelliculés dorés Ø 26 cm, clous, ventilateurs, 9 980 x 3 330 x 1,2 cm
Vue de l’exposition Pizza à l’atelier manivelle, Muelle, 2016.
Photo : Jean-François Karst
A partir de disques en carton recouverts d’un revêtement doré utilisés comme fonds de boîtes à pizza ou à pâtisserie, Pizza est une installation qui fonctionne avec deux ventilateurs. Chaque disque est accroché par deux clous, légèrement décalés du mur. Les ventilateurs font osciller les disques et la surface du (des) mur(s) et font scintiller l’ensemble.
Les lumières et les reflets des regardeurs oscillent dans un mouvement hypnotique, renforcé par les ombres portées des disques sur le mur, rendant ainsi la mise au point difficile.
On pense à ces parements muraux décoratifs ou encore des robes Paco Rabanne des années 60 ou bien encore aux mosaïques métalliques de la même époque sans le luxe, ni le caractère futuriste des matériaux d’avant le choc pétrolier. Le caractère à la fois pauvre et cliquant du matériau, renvoi e à une forme d’art cinétique banalisé dans les décors événementiels, les plateaux de télévision, les enseignes des magasins de prêt-à-porter…
Lors de la présentation, chaque visiteur était invité à se confectionner sa propre pizza à partir de pâte et d’ingrédients fournis. L’accrochage devient un prétexte à boire et à se nourrir, comme une parodie des travaux les plus emblématiques de l’époque de l’esthétique relationnelle à travers laquelle l’idée de performance collective entendait parfois se substituer à ce qui pourrait être considéré comme une posture vaniteuse liée à une nécessaire matérialité des œuvres.
Pizza est une proposition à la fois festive et mélancolique qui convoque aussi bien les souvenirs des soirées de fête du Bauhaus que d’Intervista de Federico Fellini ou de La Grande bouffe de Marco Ferreri en empruntant à la magie désuète des décors de boîte de nuit.
Pizza est pensé comme un accrochage éphémère, aux dimensions du mur principal, qui corrige l’utilisation du mot déceptif souvent utilisé à contre‑ emploi pour désigner une proposition décevante alors que le terme dérivé de l’anglais, renvoie plutôt aux décors de théâtre, au leurre, au camouflage, au piège et à l’illusion.
Jean-François Karst, décembre 2016