Jean-François
Karst

27.12.2022

Pizza

Pizza, 2016
Disques cartonnés pelliculés dorés Ø 26 cm, clous, ventilateurs, 9 980 x 3 330 x 1,2 cm
Vue de l'exposition Pizza à l'atelier manivelle, Muelle, 2016.
Photo : Jean-François Karst

A partir de disques en carton recouverts d’un revêtement doré utilisés comme fonds de boîtes à pizza ou à pâtisserie, Pizza est une installation qui fonctionne avec deux ventilateurs. Chaque disque est accroché par deux clous, légèrement décalés du mur. Les ventilateurs font osciller les disques et la surface du (des) mur(s) et font scintiller l’ensemble.

Les lumières et les reflets des regardeurs oscillent dans un mouvement hypnotique, renforcé par les ombres portées des disques sur le mur, rendant ainsi la mise au point difficile.

On pense à ces parements muraux décoratifs ou encore des robes Paco Rabanne des années 60 ou bien encore aux mosaïques métalliques de la même époque sans le luxe, ni le caractère futuriste des matériaux d’avant le choc pétrolier. Le caractère à la fois pauvre et cliquant du matériau, renvoi e à une forme d’art cinétique banalisé dans les décors événementiels, les plateaux de télévision, les enseignes des magasins de prêt-à-porter…

Lors de la présentation, chaque visiteur était invité à se confectionner sa propre pizza à partir de pâte et d’ingrédients fournis. L’accrochage devient un prétexte à boire et à se nourrir, comme une parodie des travaux les plus emblématiques de l’époque de l’esthétique relationnelle à travers laquelle l’idée de performance collective entendait parfois se substituer à ce qui pourrait être considéré comme une posture vaniteuse liée à une nécessaire matérialité des œuvres.

Pizza est une proposition à la fois festive et mélancolique qui convoque aussi bien les souvenirs des soirées de fête du Bauhaus que d’Intervista de Federico Fellini ou de La Grande bouffe de Marco Ferreri en empruntant à la magie désuète des décors de boîte de nuit.

Pizza est pensé comme un accrochage éphémère, aux dimensions du mur principal, qui corrige l’utilisation du mot déceptif souvent utilisé à contre‑ emploi pour désigner une proposition décevante alors que le terme dérivé de l’anglais, renvoie plutôt aux décors de théâtre, au leurre, au camouflage, au piège et à l’illusion.

Jean-François Karst, décembre 2016

Pizza, 2022
Disques en carton pelliculé, aluminium doré, ventilateurs
Vue de l’exposition à la Galerie Pictura, Cesson-Sévigné
Photo Laurent Grivet

Pizza, 2022
Disques en carton pelliculé, aluminium doré, ventilateurs
Vue de l’exposition à la Galerie Pictura, Cesson-Sévigné
Photo Laurent Grivet

Pizza, 2022
Disques en carton pelliculé, aluminium doré, ventilateurs
Vue de l’exposition à la Galerie Pictura, Cesson-Sévigné
Photo Laurent Grivet

PIZZA

Dans sa préface au catalogue de l’exposition de Vasarely à la galerie Denise René, en 1970, Michel Ragon utilise l’expression folklore planétaire pour qualifier la naissance d’un alphabet plastique universel, applicable à divers matériaux et objets, une langue visuelle qui aurait pour vocation de s’étendre à l’architecture et de connaître une large diffusion sociale. Ce type de composition, qui doit beaucoup aux origines de l’art optico-cinétique, notamment à Josef Albers, correspond à l’époque à l’utopie d’un art dont l’individu est le centre, les réactions physiologiques du visiteur fondant même la conception dynamique des œuvres. Autant de données constitutives qui entrent facilement en résonance avec l’installation Pizza, imaginée par Jean-François Karst en 2016.

ÉCRITURE TRAMÉE

Depuis l’orée des années 2000, l’artiste assume une sensibilité particulière au contexte physique qui l’accueille, et inclut volontiers l’architecture, la lumière et le spectateur comme éléments fondamentaux de ses œuvres. Ce faisant, la trame est devenue pour lui comme une véritable écriture, empruntant à la diversité d’innombrables matières. Pour l’installation Pizza, composée de modules circulaires de taille identique sur chaque mur, répétés jusqu’au recouvrement, le matériau choisi se perçoit assez vite, tant il est familier : des supports à gâteau ou à pizza, en carton à fort grammage couvert d’un pelliculage doré. Par cette disposition en all over et le choix du détournement d’un accessoire culinaire, Jean-François Karst suggère doublement le hors-champ, et la possibilité d’un télescopage comique et mélancolique de multiples références.

P COMME POP ET PIZZA, POIS ET POLKA

La naissance du motif à pois date du XXe siècle avec la mécanisation, le modernisme et l’avènement de l’art abstrait. Les motifs géométriques, les lignes pures et régulières s’imposent en architecture, dans l’art comme dans la mode : à la base, les pois ou Polka dots en anglais constituent un motif connoté d’enfance, Minnie se voit d’ailleurs affublée d’une jupette à pois dès 1930, puis les pin-ups et les stars du glamour hollywoodien l’adoptent, Marylin Monroe en tête. En choisissant ce motif, Jean-François Karst a croisé plusieurs histoires : il rappelle avec humour que les pratiques abstraites rejoignent parfois celles du Pop Art et de la mode, de Sonia Delaunay à Francis Baudevin, de Roy Lichtenstein à Bridget Riley, de Sigmar Polke à Yayoi Kusama. Accessoirement, il bouscule la notion d’auteur, de singularité, d’originalité, de propriété du motif. Son installation est un programme qui évacue allègrement la question de l’origine de la création pour lui préférer celle de la destination de l’œuvre, ce qu’elle devient une fois expérimentée par le public, et ce qu’elle parvient à créer en termes d’impact psychosensoriel.

SEQUINS

En février 1966, la première collection de Paco Rabanne est présentée à l’hôtel George-V : douze robes importables en matériaux contemporains, nombreuses agrémentées de sequins et plaques de métal, pour une approche très architecturale du vêtement, conçu comme une enveloppe habitable. Au son du Marteau sans maître de Pierre Boulez, les mannequins défilent pieds nus, et au moindre de leur mouvement, une lumière ondule tout le long du corps, dévoilé aussi à travers les interstices libérés dans les contre-formes de ce genre de trame. Précurseur, le « métallurgiste » de la mode inspira beaucoup d’artistes et cinéastes des années 60 : parmi eux, Henri-Georges Clouzot et son film inachevé La Prisonnière, que Jean-François Karst cite dans ses influences.

Ces robes « cotte de maille » furent emblématiques du Space Age design, mouvement diffus marqué par la science et l’ère spatiale, empli de formes capsulaires, de motifs de molécules et de particules atomiques. Rapidement, le grand public s’empare de cette esthétique à la fois organique et abstraite : les matrices cellulaires décorent généreusement les espaces domestiques, sans peur ni des fusions vernaculaires ni de l’excès kitsch.

SHOW ROOM

Entre le trivial et l’extraordinaire, entre la décoration domestique et l’histoire de la peinture, l’installation Pizza fraye son chemin ludique et cinétique, surface à l’effet de saturation visuelle créant un rythme et une vibration lumineuse, un jeu entre pleins et vides, une circulation dynamique et mouvante que l’activation de ventilateurs achève de souligner, en mettant chaque pastille dorée en légère turbulence. Cette légèreté ne doit pas occulter d’autres dimensions plus ambivalentes, qui rappellent certains objets de séduction et de simulacre, parmi lesquels les miroirs revisités par Bertrand Lavier. Dans l’installation de Jean-François Karst aussi, chaque rond doré pourrait correspondre à un miroir traître dont la fonction serait dénaturée, qui impliquerait de ne plus retrouver son reflet et de faire face à l’inconsistance, au flou de son identité. Pas de reflet illusionniste ici.

Ce pas de côté se confirme par ailleurs dans une forme assumée d’artisanat du décor, qui arbore la poétique des effets spéciaux modestes voire cheap, à rebours d’une esthétique du luxe. Ainsi, l’inventivité du détournement d’un matériau du quotidien en dispositif spectaculaire ne cherche pas à masquer la nature ambiguë du résultat, entre dispositif cinétique hommage, vitrine clinquante de grande enseigne de prêt-à-porter, showroom de salon automobile ou déco festive pour dance floor événementiel. La question du leurre, de la surprise amusée ou de la mélancolie qu’il induit parfois, imprègne l’ensemble.

TAKE AWAY

Lors de l’activation de l’installation, les visiteurs sont conviés à élaborer leur pizza sur place, avec les ingrédients de leur choix : à nouveau, Jean-François Karst travaille la polysémie de sa proposition, lui ajoutant par cette dimension performative une strate inattendue. On s’attendrait presque à voir surgir Nicolas Bourriaud, chef de file de l’esthétique relationnelle, habillé en pizzaïolo ou en patron de discothèque. Apparu dans les années 90, ce nouveau paradigme esthétique permettant d’évaluer une œuvre, non plus selon le thème ou la technique utilisée, mais selon son usage et sa fonction sociale, revient presque trois décennies plus tard : a-t-il perdu de sa superbe ? Est-il redevenu essentiel dans une époque où les rapports humains sont diversement malmenés ? Sur quel mode, sincère, prétextuel ou sarcastique, Jean-François Karst s’empare-t-il de cette nouvelle référence pour densifier les lectures de son installation ? Aucune réponse univoque ne semble formulable. En ce qu’il choisit de laisser l’œuvre ouverte, l’artiste rejoint peut-être la position de François Morellet, pour qui les œuvres d’art sont des coins à pique-nique, des auberges espagnoles où l’on consomme aussi ce que l’on apporte soi-même. Ou bien des pizzas, parce qu’elles se limitent à une base commune - la pâte - sur laquelle chacun peut se sentir libre d’exprimer sa vision et ses goûts.

Éva Prouteau

La galerie Pictura, de Cesson-Sévigné, dédie la programmation de sa saison 2021/2022 à la thématique de la lumière. L’espace d’exposition scintille au gré des mouvements de l’installation Pizza de Jean-François Karst. Entre représentation du réel et illusion d’optique, la pièce monumentale interroge sur les différences de perception et l’art dans l’environnement quotidien jusqu’au 6 février 2022.

Pris par les commandes publiques, le Rennais Jean-François Karst n’avait pas réalisé d’exposition personnelle depuis longtemps. Il revient avec l’installation Pizza à la galerie Pictura, au centre culturel de la ville de Cesson-Sévigné le Pont des Arts à Cesson Sévigné, pour son plus grand plaisir, et le nôtre. Entre représentation du réel, art cinétique et perception du public, l’œuvre illumine les murs de la galerie, jusqu’au 6 février 2022, en de multiples références qui ont façonné la pratique de l’artiste peintre.

Les premières lignes de l’œuvre de Jean-François Karst se sont écrites lors de sa formation à l’ESAD (École supérieure d’Art et de Design) de Reims, puis à l’EESAB (École Européenne Supérieure des Arts de Bretagne) à Rennes. Depuis l’orée des années 2000, l’artiste s’interroge sur la représentation du réel, les frontières de l’imitation et les différentes perceptions de l’illusion. Ses questionnements lui viennent de son rapport immédiat à la peinture. « Je suis certain, qu’à un moment donné, il est toujours question de représentation. Générer des images c’est jouer avec les apparences », déclare Jean-François Karst. « Ces questions d’illusion sont très inspirantes. Elles permettent de mettre une distance critique, ironique ou comique dans l’art contemporain, un domaine qui peut encore se prendre très au sérieux. »

Face à des professeurs parfois trop académiques dans leur approche de la peinture, le futur peintre s’éloigne du regard de ces enseignants et tente d’ouvrir le débat au travers de sa pratique alors étudiante. Il bouscule les lignes en tentant de démontrer que l’on peut travailler la peinture en sortant des sentiers battus de la traditionnelle, et quelque peu archaïque, combinaison châssis, toile et peinture à l’huile. « La gouache est obtenue à partir de gomme arabique et la peinture à l’huile est réalisée à base d’huile bouillie donc la peinture est déjà un mélange en elle-même. »

Convaincu que la peinture et les arts graphiques ne dépendent pas seulement des outils que l’on utilise, il prend exemple sur ses prédécesseurs qui ne se cantonnent justement pas à un seul outil. « J’ai toujours été attiré par les artistes qui changeaient de pratique ou la faisaient évoluer librement », précise-t-il. « Ca permet d’apprendre de nouvelles situations, de nouveaux matériaux, de nouvelles mises en œuvre ou construction. » Plutôt que d’épuiser les possibilités d’un seul moyen, Jean-François Karst puise dans la diversité des matières à disposition, qu’il mixe et additionne, les uns alimentant les autres. Sa curiosité l’incite à des incartades artistiques où il flirte volontiers avec l’installation ou la sculpture pour mieux servir son propos.

Dans un monde majoritairement façonné artificiellement par la main de l’homme, l’architecture, la lumière et le spectateur sont des éléments fondamentaux de ses œuvres. « Dans une pièce comme l’espace d’exposition, des éléments agissent entre eux : l’œuvre sur le mur, le carrelage du sol, les fenêtres, etc. On a un rapport étrange à cette interaction. On n’y fait pas forcément assez attention alors que ces éléments agissent aussi sur nous », ajoute-t-il pour expliquer sa fascination pour ce qui l’entoure. Le peintre se réapproprie les matériaux de notre quotidien et questionne la représentation du réel et la perception du public face à son œuvre. Ce faisant, Jean-François Karst tend à replacer l’art dans l’environnement quotidien et à lui accorder une plus grande place, en accord avec la population environnante. Le but principal étant de démettre l’idée, parfois encore prégnante autant du côté de la population que des professionnels, que l’art ne s’adresserait qu’à une élite. Il cherche ainsi à réintégrer l’individu au centre de la pratique artistique. « Une de mes préoccupations en tant qu’enseignant à l’école d’architecture est que les étudiant.e.s soient conscient.e.s que leurs réalisations agiront sur la population. Les matériaux, les couleurs vont avoir un impact direct sur la vie des gens. »

En ça le travail de Jean-François se rapproche de celui de ces prédécesseurs de l’art cinétique, mouvement né dans les années 1960, à la fin des avant-gardes. « C’était un mouvement populaire, beaucoup d’artistes ont mis en place des motifs, des formes ou des matériaux dans l’objectif d’apporter la création artistique au plus grand nombre. Ils l’intégraient dans l’espace public : dans les stations de métro, dans les cantines ou les hôpitaux. » Dans une transgression totale pour l’époque, les artistes optico-cinétiques assumaient la notion décorative de leur travail dans une approche ouverte et accessible. Parmi les initiatives des artistes de l’art cinétique, le mouvement engagé le GRAV, groupe de recherche d’art visuel, est fondé dans le seul but de rendre le quotidien plus artistique. Les artistes effacent la figure de l’artiste et impliquent le spectateur dans le processus de l’œuvre, devenant un des mouvements contestataires et radicaux les plus importants en France. « S’il y a une préoccupation sociale dans l’art actuel, elle doit tenir compte de cette réalité bien sociale : le spectateur », dira d’ailleurs un des membres.

Héritier de cet élan de démocratisation de l’art, l’artiste rennais cherche à mettre l’art au regard de tous en s’emparant de motifs familiers de par leur présence dans le passé de chacun.e. Il crée des leurres et immerge le spectateur dans une histoire, à l’instar de l’installation Pizza, imaginée par l’artiste en 2016 « Il y a un vrai plaisir de la part du public à être piégé. »

La légèreté apparente de l’oeuvre réactivée est une de ses forces. Sa monumentalité, ainsi que sa simplicité autant que sa brillance, attirent le nouveau venant tant l’objet traité est familier. Ces supports à gâteau ou pizza en carton couvert d’un pelliculage doré se succèdent le long du mur et s’agitent légèrement au gré des ventilateurs installés ci et là dans la pièce. « Cette production vient à l’origine d’une blague », sourit Jean-François Karst. « J’ai longtemps habité à proximité d’un magasin qui vendait d’excellentes pizzas industrielles cuites au feu de bois. Dans la boite, il y avait ce plateau doré. » Amusé par l’emballage à l’apparence fort luxueuse, en comparaison du contenu, le peintre commence à accrocher les disques dans son atelier, un à un. Aujourd’hui, les murs de la galerie Pictura sont recouverts de centaines desdits disques pour une œuvre physique et forte autant dans le fond que dans la forme.

Cloutés face aux fenêtres, les disques d’aluminium à fort grammage ondulent et distillent un léger scintillement, rendant l’espace immersif. La forme, la couleur, leur multiplicité ou encore leur intégration dans l’imaginaire collectif sont autant d’éléments qui alimentent un panel infini de références.

Entre la dimension décorative et l’histoire de la peinture, l’artiste interroge l’art dans sa globalité, ne serait-ce que par le réemploi d’un objet destiné à être jeté, mais également qui se révèle être un étonnant fac-similé, et à ce qu’il renvoie. Dans l’histoire de l’art, du classicisme au street-art, l’or reste une des couleurs les plus difficile à manier. « Elle renvoie aux auréoles des peintures de la Renaissance et aux icônes colorées à la feuille d’or. »

On pense également aux soirées festives, aux décors événementiels et aux robes avant-gardistes de Paco Rabanne, issues de la première collection du couturier en 1966. « Je voulais réexpérimenter des éléments vus dans le passé, notamment dans des décors à la télévision. » À l’image de ces expérimentations avant-gardistes, le reflet crée un dynamisme, une vibration lumineuse et donne un rythme.

D’apparence légère, l’installation Pizza se révèle tout aussi mélancolique, un hommage à une époque et à l’univers dans lequel le peintre a grandi. Il oppose l’image d’un luxe en apparence à la pauvreté réelle du matériau, interrogeant ainsi l’évolution de la société après le choc pétrolier, à la fin des années 70. « Avec les années 70, on a une impression d’une apogée, autant au niveau des couleurs, des formes, que du mobilier et des vêtements », souligne-t-il. « Mais après le choc pétrolier, tout s’est arrêté. Selon moi, on a fait l’erreur de penser que l’on pouvait se passer de l’esthétique alors que ça reste important. Comment vivre dans un monde linéaire ? » Conscient de ce manque, Jean-François Karst promeut un art social et questionne l’esthétique, ce qui se passe en présence de ses œuvres. « L’art lance des débats, ouvre à la réflexion et à l’échange avec des personnes que l’on n’aurait pas rencontrées autrement. »

Jean-François s’intéresse à ce que l’œuvre devient une fois expérimentée par le public. Et pour cette raison, le peintre incite particuliers et professionnels à s’emparer de Pizza pour la faire évoluer au gré des perceptions de chacun.e. Et pour la faire vivre. Il suffit simplement de le contacter…

Extrait d’un article d’Emmanuelle Volage paru dans Unidivers.fr le 18 janvier 2022