Guillaume
Pinard

06.09.2023

Duos

Séries d'expositions en duo
Avec Elsa Sahal, Nina Childress et Jacques Julien

Exposition Re-Cloune de Elsa Sahal et Guillaume Pinard, Le Safran, Amiens, 2020

Photos : Guillaume Pinard
Guillaume Pinard © Adagp, Paris, 2022

Exposition Cloune de Elsa Sahal et Guillaume Pinard, Galerie Raymond Hains - École des Beaux-Arts de Saint-Brieuc, 2019

Vues de l'exposition Cloune, Galerie Raymond Hains - École des Beaux-Arts de Saint-Brieuc, 2019
Photos : Hervé Beurel

Cloune est une des nombreuses graphies que le personnage théâtral puis circassien - mieux connu sous le terme anglo-saxon de clown - a connu. Ce mot viendrait du germanique klönne qui signifie motte de terre. On trouve également cette source dans les mots anglais clod et clot qui signifient aussi bien motte que balourd, plouc. Le clown désigne donc ce bouseux qui arrive à la ville et qui va en dérégler les convenances par son comportement. On comprend alors mieux pourquoi le duo de l’Auguste et du clown blanc s’est imposé ; un couple dans lequel l’imprévisible et la maladresse advient sous le regard atterré d’un représentant de l’ordre et de la bienséance. Dans cette exposition qui fait se rencontrer Guillaume Pinard et Elsa Sahal, il s’agit bien d’un numéro. Et s’ils n’ont pas transformé la galerie Raymond Hains en piste aux étoiles, les atours d’un spectacle clownesque sont présents.Auguste ? Le maquillage, le masque, le grotesque et les postures dégingandées traversent les figures en céramique émaillée d’Elsa Sahal. Clown Blanc ? Guillaume Pinard renvoie la balle à sa co-exposante en démesurant certaines de ses œuvres dont il exacerbe les matières et les formes organiques dans des décors monumentaux en trompe-l’œil. Aussi, cette exposition est-elle un jeu de miroirs déformants entre deux artistes qui aiment utiliser des techniques classiques, les contraintes orthodoxes de traditions pour les corrompre et mieux s’en amuser.

Exposition Crâne souple, tête entière de Nina Childress et Guillaume Pinard, Galerie de l’école des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, 2019

Vues de l'exposition Crâne souple, tête entière , Galerie de l’école des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, 2019

Bucheron, 2019
Pastel sur papier, 40x30 cm
Collection de l artotheque de Nantes
Autoportrait, 2019
Acrylique sur toile, 24 x 19 cm
Aux eaux, 2019
Acrylique sur toile, 60 x 60 cm
Huguette, 2019
Acrylique sur toile, 65 x 54 cm
Philippe, 2019
Acrylique sur toile, 30 x 30 cm
Zora, 2019
Acrylique sur toile, 30 x 24 cm

Photos : Guillaume Pinard
Guillaume Pinard © Adagp, Paris, 2022

La galerie de l’école des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire invite Guillaume Pinard qui invite Nina Childress, un tête-à-tête jouissif  des images où l’autoportrait et les portraits se contemplent et se lient.

Des tableaux aux extrémités des murs pour prendre en compte cet espace aux angles de vues multiples,  forcer le regard à s’attacher aux coins, séparer les œuvres pour mieux les rapprocher l’une de l’autre.
Les têtes se font face, se détournent sans affrontement, un échange silencieux s’engage avec le spectateur.
Les crânes souples sont aussi contenus dans le bonnet de bain (N. Childress, Autoportrait au pince-nez, 2019) comme dans la rondeur molle et rose du cochon (G. Pinard, Sus scrofa domesticus, 2018).
Pas d’ironie dans ce titre conjoint, une pointe d’humour et une ligne de poésie.

Viennent à l’esprit, comme une évidence, les écrits d’Henri Michaux pour qui la tête fut un motif commun à ses textes comme à ses peintures :
« (…) En attendant, viennent quelques personnages et des têtes irrégulières, inachevées surtout. Tiens ! Pourquoi pas des plantes, des animaux ?
 Dans tous les inachèvements, je trouve des têtes. Têtes, rendez-vous des moments, des recherches, des inquiétudes, des désirs, de ce qui fait tout avancer et tout combine et apprécie… dessin y compris.
Tout ce qui est fluide une fois arrêté devient tête. Comme têtes je reconnais toutes les formes imprécises.(…) »   Henri Michaux, Émergences-Résurgences, Genève, Skira, 1972.

Les tableaux ici présentés ensemble ne créent pas d’histoires, de récits. Ils sont représentations, rapport direct, frontal au sujet sur des formats volontairement petits comme pour resserrer les « prises de vues ». Car il s’agit bien d’image, de cadrage, de zoom où la couleur peinte prend son ampleur, explose, se charge en formes rondes, souples, pleines et entières.
 

Il faut deviner le peintre pour comprendre l’image (F. Nietzsche), cet accrochage minutieux, voire minimal, nous fait approcher ces deux artistes. Peintres pour qui le dessin (la forme) et la couleur (le geste) sont libérés de toute entrave du sujet, où ce sujet est peut-être simplement ce qu’ils regardent, couchant sur la toile plusieurs degrés de lecture à ces images empreintes d’une actualité parfois désuète ou d’un quotidien starisé.

 « Cette tête vit, naturellement. Elle possède sa vie. Elle se jette ainsi des milliers de fois à travers plafonds et fenêtres, à toute vitesse et avec l’obstination d’une bielle. Pauvre tête. Mais pour sortir vraiment de la solitude on doit être moins violent, moins énervé, et ne pas avoir une âme à se contenter d’un spectacle. Parfois, non seulement elle, mais moi-même, avec un corps fluide et dur que je me sens, bien différent du mien, infiniment plus mobile, souple et inattaquable, je fonce à mon tour avec impétuosité et sans répit, sur portes et mur. »
 Henri Michaux, Lointain intérieur. Une tête sort du mur, Paris, Gallimard, 1938.

Exposition Fruits charmants moulés sur une seule tige de Nina Childress et Guillaume Pinard, Moments artistiques, Paris, 2018

Vues de l'exposition Fruits charmants moulés sur une seule tige, Moments artistiques, Paris
Photos: Nina Childress

Les barbu.e.s, 2018
acrylique sur toile, 50 x 72,5 cm
Les blondes, 2018
acrylique sur toile, 60 x 50 cm
Oxo, 2018
acrylique sur toile, 115 x 89 cm / 120 x 93 cm (avec cadre)
Angularisme n°1, 2017
acrylique sur toile, 60 x 50 cm

Photos : Guillaume Pinard
Guillaume Pinard © Adagp, Paris, 2022