Aura Cloud
Vue de l'exposition des rêves - A show on the subject of Dreams, Maison de l’Ours, Paris, commissariat Kristina Solomoukha
Photo : Codeluppi et Claire Guetta
En 2020, lors d’un séjour à Vaison-la-Romaine, Claire Guetta rencontre une lectrice d’aura, autoproclamée capable de percevoir la “couleur” des gens et de révéler leur personnalité à partir de cette perception énergétique. Fascinée par cette rencontre, elle décide de prendre rendez-vous avec elle — micro en main, pour ne rien perdre de l’expérience.
La séance, facturée 50€, se déroule avec un protocole singulier : la voyante invite l’artiste à poser sa main sur une tablette censée mesurer son énergie, pendant qu’elle met à jour son logiciel, Aura Cloud 3D, un programme américain coûteux et capricieux depuis son passage à Windows 10. Après un long diagnostic mêlant mystique et technique, la praticienne conclut en lui proposant un stage de radiesthésie à 800€, convaincue que son “chakra du troisième œil” est presque à 100 % d’une unité de mesure indéterminée.
Elle retranscrit la séance et l’intègre à une sculpture représentant une tête de voyante en polystyrène et MAP, imitant la pierre. Cette acrotère faussement antique devient le socle ironique d’un récit où se croisent spiritualité marchande, art divinatoire et capitalisme magique.
Aujourd’hui, le projet Aura Cloud 3D s’est élargi : depuis que l’URSSAF demande aux artistes-auteur·ices de prédire leurs revenus de l’année suivante, l’artiste enregistre ses échanges ubuesques avec l’administration française. Ces conversations, à mi-chemin entre oracle bureaucratique et fiction sonore, nourrissent de nouvelles sculptures où le langage administratif rencontre la poésie de l’absurde.