Pendant que les humain·es se mobilisaient à Gennevilliers en mai dernier pour défendre leur territoire, les Grands Cormorans du Grand Paris, eux, étaient partis en Europe du Nord, ils ignoraient même l’existence de cette manifestation. Au vu des données de bagage, ils migrent majoritairement au Danemark. Là-bas, les plus grandes colonies sont sur des iles, ou dans des réserves, toujours inaccessibles à nous autres les humain·es. À Hovig, leurs nids sont perchés dans des arbres aux branches dénudées. À Skagen, à la pointe de l’extrême nord du Danemark, la colonie est au milieu des dunes. Le soir, c’est comme un balai, je vois les oiseaux plonger dans des lignes de sable et de buissons, au même endroit. Si le site parait « naturel », il est en fait pris en étau entre le trafic très dense de portes-containers de cette ligne de partage entre la mer du Nord et la mer Baltique et un centre d’écoute militaire. Le site est stratégique pour la faune, car ces eaux sont riches en poissons, stratégique pour les humain·es, en tant que lieu de passage et de communication.