Depuis le sol, suivre les trajectoires des oiseaux sauvages
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Le ciel de Pantin, novembre 2023.
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Le ciel de Saint-Maur-des-Fossés, février 2024.
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La Seine à Saint-Denis, janvier 2024.
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ZAC Baud-Chardonnet, Rennes, 2022.
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Les Iles de la Marne, janvier 2024
Pour photographier des oiseaux sauvages, il faut connaître et comprendre leur territoire. Les trajets des Grands Cormorans relient plusieurs points avec des fonctions précises : des dortoirs, des reposoirs et des colonies. Les dortoirs sont les lieux où dormir en sécurité, d’où ils partent au petit jour pour pêcher et reviennent au crépuscule. Les reposoirs sont les lieux pour se chauffer, digérer et sécher. En effet, leur plumage n’est pas imperméable, cela leur permet d’emprisonner de l’air pour plonger plus profondément, mais de longues heures sont nécessaires pour sécher et entretenir leur plumage. Les colonies sont leur lieu de reproduction.
Le Grand Cormoran est une espèce grégaire, il vit, dort, et se reproduit dans des lieux collectifs. Un Grand Cormoran parcourt plusieurs dizaines de kilomètres par jour pour se nourrir. Afin d’économiser de l’énergie, lorsqu’il vole d’un point à autre, il ne s’élève pas toujours dans le ciel, il rase les rivières et les fleuves, elles sont leurs chemins, leurs routes.
J’ai harnaché un vélo avec mon matériel photographique pour suivre quotidiennement les chemins des oiseaux, le long des cours d’eau, de dortoirs en reposoirs et à la nuit tombée, de reposoirs en dortoirs. Je pratique l’affut et l’itinérance.
Ce projet artistique en s’attachant à une espèce d’oiseau spécifique tend à appréhender différemment notre territoire et nos infrastructures, à prendre conscience d’autres modes de vie, d’autres besoins et ainsi à poser un autre regard sur notre condition humaine.
Il existe parfois dans les images un conflit d’échelle : comment faire apparaitre un oiseau à l’échelle de nos paysages humains ? Il est alors question de point de vue, de lumière, de cadrage. Je travaille avec des moyennes et de longues focales, au moyen-format et au reflex.
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Négatif et tirage, juillet 2024.
Je photographie en argentique, en noir et blanc. Le film à l’inverse de l’image numérique, nécessite une certaine économie d’image. C’est une pratique méditative, plusieurs heures d’observations sont parfois nécessaires pour photographier un envol, un travail de patience et de précision, déclenché au millième de seconde, à la vitesse d’un battement d’ailes. Le mouvement de l’oiseau est trop rapide pour conscientiser le moment de prendre l’image : c’est aussi une photographie à l’instinct, lorsque je sens le mouvement venir, je déclenche. Je ne découvre qu’une fois le film développé ce que j’ai photographié.