Caroline
Cieslik

NEW . 13.02.2025

Faune

2012, tirages jet d’encre pigmentaire, 84x105 cm

La pâture a majoritairement disparu du paysage. 

Hors-sol, l’animal est enfermé dans des bâtiments industriels.
À l’inverse, j’ai recherché des pastorales contemporaines sur des sites aux démarches agricoles alternatives, quand l’animal ressurgit au milieu de la ville ou des friches.

La ferme du bonheur, Nanterre, 2012.

Les Amis du transformateur, Saint-Nicolas-de-Redon, 2012

Des pastorales contemporaines

La Ferme du Bonheur est un site d’expérimentations « agro poétiques » comme l’exprime son fondateur Roger Des Prés, situé à Nanterre, derrière la Grande Arche de la Défense. Les Amis du Transformateur (Saint-Nicolas-de-Redon) est une association située sur une friche industrielle. Elle tient son nom « le transfo » (comme le disent les habitué·es) à la fois des trois postes de transformateurs électrique à l’intérieur de la friche mais aussi du souhait de renaturer, de transformer ce site classé Espace Naturel Sensible mais dont l’héritage industriel a fortement marqué les terres et les paysages. Ces deux associations partagent le désir de réintroduire des activités agricoles sur des terres polluées dans des territoires péri-urbains ou industriels, déjouant les typologies d’espace, les catégories préétablis « urbain, industriel, rural », à une époque (dans les années 90/2000), où il existait encore peu de démarche de ce type en France.

J’ai été à leur rencontre pour échanger et photographier leur paysage et en particulier leurs animaux dans le paysage. À travers ce premier projet à la chambre photographique je commence à m’intéresser à ce que j’ai défini ensuite dans ma thèse comme des espaces intermédiaires.

À cette époque, je suivais aussi les cours de Philippe Descola « les formes du Paysage » 2011-2014 au Collège de France. Nourrie de ces réflexions, sur la définition même du concept de paysage, sur les spécificités de l’histoire occidentale de notre relation à la nature et à sa représentation et ce qu’il a défini comme l’ontologie naturaliste issue du « grand partage » entre nature et culture, je recherche alors à l’opposé des espaces et des postures intermédiaires.

Je reprends au même moment (2012) des études théoriques en Histoire et Critique des Arts. Le Master 2 recherche dans lequel j’étais inscrite à Rennes 2, monté par la philosophe P. Heulot s’intitulait « Paysage réalités et représentations ». Une intuition me guide, elle est le moteur à la fois de ces premières expérimentations photographiques dans les friches et conjointement de recherche en histoire de l’art : j’ai le sentiment que dans ces récits de la représentation du paysage occidental, la pastorale est une clé qui permettrait de prolonger et dépasser le récit critique de P. Descola sur la nature, telle que l’a défini la modernité. 
Le projet débouchera sur une thèse un an plus tard.