Point géographique stratégique de la cluse de Grenoble, la Bastille offreune vision panoramique de la ville et de ses vallées cernées par les montagnes. Sur un des contreforts de la Chartreuse, l’ancien fort militaire, construit au XIXe s. est devenu un site touristique, des milliers de visiteurs et visiteuses montent chaque année pour admirer le paysage. De l’architecture militaire à la carte postale, de la surveillance à la contemplation esthétique, la démarche est pourtant identique : s’extraire de la ville afin de la dominer du regard. Multipliant les points de vue de et sur la Bastille, ce travail tend à capter les différentes intensités de vie, autant de signalements des flux et de la temporalité qui habitent cet espace. Telle une salle de vidéo surveillance, quinze écrans vidéo sont montés en grille. Le rythme oscille entre contemplation et saccades, à intervalles irréguliers, les images sautent, se brouillent. Les écrans ont été enchâssés dans une structure noire en bois et acier.

Elle a été fabriquée dans les Ateliers Marianne à Pont-de-Claix, un atelier d’insertion qui emploie des chômeurs de longue durée dans des activités alliant création et imaginaire pour fabriquer des décorsde théâtre. Dans la pénombre d’une des casemates situées en haut de la Bastille, elle est invisible, recréant ainsi un sentiment de lévitation proche de celui du point de vue aérien depuis les montagnes.

Bibliographie :
Yves Lacoste, « À quoi sert le paysage ? Qu’est-ce qu’un beau paysage ? » in Alain Roger (dir.), La théorie du paysage en France (1974-1994). Champ Vallon, 1995, p. 42- 73.