Parentés
« Au commencement nous étions toutes et tous le même vivant. Nous avons partagé le même corps et la même expérience. Les choses n’ont pas tellement changé depuis. Nous avons multiplié les formes et les façons d’exister. Mais aujourd’hui encore nous sommes la même vie. »
Emanuele Coccia, Métamorphoses, Bibliothèque Rivages, 2020
« Parentés » propose un retour à un état de présence au monde. Cette série nous invite à sortir de l’extra-ordinaire pour se pencher sur l’infra-ordinaire. Elle a pris source dans mon quotidien, d’abord dans l’enceinte de mon jardin, puis en dehors de ces murs.
Pendant quatre ans, je me suis voulue spectatrice de ce qui se jouait autour de moi, dans le silence et l’immobilité. J’ai observé à la pollinisation des fleurs et l’arrivée du printemps, le pourrissement des chairs qui annonce l’automne. J’ai photographié ces transformations au gré des saisons.
Peu à peu s’est constituée une série d’images pensée comme une expérience corporelle, sensorielle et affective aux espèces qui m’entourent. Une célébration du principe de vie qui se transmet de génération en génération, d’espèce en espèce, de règne en règne. Se développe ici un regard amoureux, qui laisse la place à l’altérité dans ce qu’elle a de mystérieux et d’inaccessible. Le recours au fragment abolit les notions d’échelle et de hiérarchie entre les vivants. Le tout devient aussi important que le détail, le petit aussi signifiant que le grand. Les images, présentées au même format, finissent par être équivalentes les unes aux autres.
L’association des photographies entre elles constitue le geste fondateur de cette série. Leur agencement rejoue les liens de parentés qui nous unissent entre espèces. Chaque image est la métamorphose de sa précédente et annonce celle qui suit. Dans ce geste de rapprochement, déjà à l’œuvre dans mes précédents travaux, se loge ce qui nous rassemble, ce autour de quoi nous pouvons faire famille.
Vues d'exposition Parentés, L’estrade, Athis de l’Orne, 2025
Photos : Lise Dua