Julie Bonnaud
& Fabien Leplae

11.07.2023

Construire un feu // Arroser les plantes , 2019

projet soutenu par la DRAC Bretagne, la Ville de Rennes, les Ateliers Bonus - Nantes et le Domaine de Kerguehennec - Département du Morbihan
Situation 0 /, 2019
Structure de 240 x 240 cm, profondeur 120 cm, 
polycarbonate, aluminium, acier galvanisé, roulettes avec freins

Prises de vue réalisées aux Ateliers du Vent, Rennes
Conception et fabrication du mobilier avec Jérémy Astrié

Soudure : Vincent Poisson

Cohabitations forcées /

Le noyau de Construire un feu // Arroser les plantes est un mobilier né du désir d’entrevoir les contours de notre démarche de dessin par le prisme de l’installation et de la performance. En deux exemplaires, il intègre à quatre surfaces de dessin de 240x240 cm deux systèmes de culture artificielle. Sans être reliées en temps réel, les oeuvres et les plantes poussent en parallèle dans l’atelier. Ce dispositif se nourrit des aspects inspirants et troublants des forêts. La culture d’organismes vivants s’entremêle aux explorations de dessin hybridant nos savoir-faire à l’utilisation de machines.

Pépinière /

Les pionnières et invasives que nous observons, ponctionnons et transférons dans l’atelier sont les agents types de la préparation du terrain pour la forêt. En parallèle de marches, de rencontres, d’observations et de ponctions, nous travaillons aux ramifications d’approches de dessin inspirées et suscitées par la cohabitation dans l’atelier avec ces plantes expansives, explorant à la fois des voies où l’automatisation des protocoles structure des tracés au long cours à l’encre, et d’autres associant main et machine vers un dessin dense, long et attentif. Ce projet au long cours résonne comme une tentative de mettre à l’oeuvre, au travers du dessin, le principe d’organisation spontané de la nature porté par les pionnières et les invasives : tendre vers la forêt.

Performer et outiller le dessin /

Proposition mécanomorphe, CF//AP agence un environnement afin de performer le dessin comme activité en train de se faire dans un espace donné. Nous entendons ici le mot performer comme contingence spatiale, comme action de relier et séquencer des flux. La machine n’exécute pas forcément ce qui est machinal, et un geste machinal peut contraindre la main, construisant une généalogie d’oeuvres où des jeux de dédoublement entre la main et la machine brouillent les pistes. « Pour emprunter une expression chère au duo G. Deleuze F. Guattari: Comment le dessin délire-t-il la machine? Comment la machine délire-t-elle le dessin? »*

L’utopie du projet se fait parente à celle du Dr Frankenstein, du façonnage des outils à leur modulation en dispositif, il s’agit de conduire des énergies, du charbon à l’eau, des plantes au dessin, de l’environnement du travail au contenu, des oeuvres au réel.


* Roven, J. Carrier et J. Neves, Le dessin et la machine: redistribution des rôles entre la technique, l’artiste et la création : Quelles interactions possibles entre technique et dessin ?

Vues d’atelier - Résidence DOMAINE DE KERGUÉHENNEC, 2020
Résidence de création 
09.03.20 — 15.10.20
 Domaine de Kerguéhennec, Département du Morbihan, Bignan

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Vues d’atelier pendant la résidence à Bonus, Nantes.