Urbicandes
Urbicande, 2012-2020
Tubes, modules d’acier, peinture noire. Collection Albers Honegger
Vue de l’exposition “Nouvelles donnes”, EAC — Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, 2020
© John Cornu Photo. EAC
Urbicande I, 2011
Tubes et modules d’acier, dimensions variables
Vue de l’exposition « Laisse venir », La BF15, Lyon. Photo : John Cornu
Urbicande II, 2011
Tubes et modules d’acier, dimensions variables
Vue de l’exposition Come as you are, Le Palud de Mez Ar Zant, Le Dourduff, Plouezoc’h
Photo : Hervé Ronné
Les sculptures de John Cornu résultent d’une appropriation ou d’une relecture d’un vocabulaire formel et matériel hérité des avant-gardes abstraites, de l’art minimal, de l’art conceptuel, ou encore de l’architecture et du design moderniste : volumes géométriques simples, matériaux industriels, néons, etc. Mais sa démarche déplace évidemment les enjeux et les significations de ce répertoire de formes et de matériaux. Ainsi, alors que l’art minimal consista souvent à affirmer de façon tautologique « ce que vous voyez est ce vous voyez », les œuvres de John Cornu se situent sur un territoire beaucoup plus référentiel, ouvert aux interprétations fictionnelles et aux résurgences d’une posture romantique.
« Urbicande » s’inscrit dans la continuité de productions récentes déclinant des assemblages géométriques de tubes et de modules d’acier. Entre sculptures minimales, arborescences schématisées en 3D et ruines fantastiques (cf. François Schuiten et Benoît Peeters, La Fièvre d’Urbicande dans la série de B.D. Les Cités obscures, 1985), ces volumes viennent se situer dans un espace en s’y greffant, en s’y logeant, en l’habitant d’une manière qui oscille entre la mise en évidence et le parasitage. Ce mode de fonctionnement correspond à l’esthétique virale que John Cornu tente de déployer dans son travail, c’est-à-dire une esthétique fonctionnant par propagation ou par prolifération. Par contamination. Il est intéressant de noter que les structures installées sur le site ostréicole de La Palud de Mez Ar Zant ont elles-mêmes été soumises à une forme de propagation virale qu’est la rouille, favorisée par l’air marin chargé d’humidité et de sel. Il s’agit donc d’une œuvre hautement entropique : exerçant une force entropique sur le site dans lequel elle tente de s’insinuer, mais aussi soumise à l’entropie de ce dernier.
Jérôme Dupeyrat, in Catalogue de l’exposition « Come as you are », 2011.
Urbicande III, 2012
Tubes, modules d’acier, peinture noire. Dimensions variables.
Vue de l’exposition Filiations, EAC - Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux
Photo : Isabelle Giovacchini.
- Joseph Kosuth, C.S. n°17, These are the facts of the case, 1989 © JK
- Niele Toroni, Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles de 30 cm, 1975 © NT
- Adam Vackar, Re-reading capital, 2012 © AV
Evoquant l’univers fantastique d’un Luc Shuitten autant que les productions de Mondrian et du groupe De Stijl, la pièce « Urbicande III » est une production spécifique, réalisée à l’occasion de l’exposition « Filiations » à l’EAC - Espace de l’Art Concret, qui fait écho à l’œuvre de Niele Toroni conservée dans les collections de l’EAC (« Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles de 30 cm », 1975).
Produite in situ, « Urbicande III » prend son lieu de présentation comme point de départ, comme référent. La structure en tube a en effet été formée, moulée à même l’architecture, à même le lieu. Elle en constitue une trace, une empreinte tridimensionnelle. La forme retracée en tube a été ensuite répétée trois fois avant d’être présentée en quinconce à même le sol, à intervalle régulier.