Sonatine (mélodie mortelle)
Sonatine (Mélodie Mortelle), 2008-2011
Rack néon, micro et ampli. Dimensions variables.
Vue de l’exposition « Laisse venir », BF15, Lyon
Photo : John Cornu.
Sonatine (Mélodie Mortelle), 2008-2012
Tube fluorescent, micros et ampli. Dimensions variables.
Vue de l’exposition « Pendant que les heures passent », Ricou Gallery, Bruxelles
Photo : John Cornu.
Sonatine (Mélodie Mortelle), 2008-2012
Tubes fluorescents, micros et amplis
Dimensions variables
Vue de l’exposition « Viser la tête », Le Parvis, Ibos
Collection Frac Midi-Pyrénées
Photo : Alain Alquier.
Sonatine (Mélodie mortelle), 2009
Installation in situ Tubes fluorescents altérés
Vues de l’exposition « Tant que les heures passent », L’attrape-couleurs, Parcours Résonance, Biennale de Lyon
Photo : John Cornu
« Sonatine (Mélodie mortelle) », qui reprend le titre de Kitano, se construit selon un temps circulaire, que l’on pourrait rapprocher du concept religieux de résurrection ou au contraire rattacher au concept énoncé par Nietzsche de l’éternel retour. Dans cette pièce radicale, l’artiste remplace la totalité des néons de l’espace d’exposition par des tubes fluorescents usagés, mis au rebut mais éclairant encore, qui composent une véritable partition visuelle et sonore. Selon le protocole défini par l’artiste, les néons doivent fonctionner jusqu’à leur extinction, s’épuiser, avant d’être remplacés par d’autres analogues, dans un cycle sans autre fin que celle de l’exposition. Le matériau de prédilection des minimalistes joue ici ses qualités performatives dans une orchestration aléatoire et évolutive de flashs luminescents combinés aux cliquetis des décharges électriques. Par un principe d’économie voire d’écologie, l’artiste révèle le potentiel artistique de ces lampes considérées comme dysfonctionnelles par une société de consommation habituée à renouveler sans fin ses produits bien avant leur épuisement total. À l’origine l’invention de ces lampes « économiques », concomitante de la révolution industrielle, a favorisé une activité « en continu », par la possibilité d’une lumière « intemporelle » où la nuit se confond avec le jour, suivant l’idée d’un « progrès » qui s’achève paradoxalement dans une double forme d’aliénation*. Au sens littéral, on peut voir dans cette pièce l’héritage déclinant d’un siècle des Lumières sur lequel repose encore les bases de la société démocratique. Dans une autre version de la pièce, l’oeuvre se trouve résumée à une seule occurrence mais amplifiée, clignotant comme un signal morse d’alerte.
Christian Alandete, Extrait du texte « Toute ressemblance avec des faits réels n’est que pure coïncidence », in « John Cornu », Catalogue monographique, Editions Analogues, 2011
* Aliénation du travail dans la sphère de production chez Marx (Le capital, critique de l’économie politique, 1867), dans celle de la consommation chez Baudrillard (Pour une critique de l’économie politique du signe, 1972). D’où un retour dans le mode de production de John Cornu à une forme « artisanale ».