Royal Iris, 2014
Royal Iris, 2014
Galerie Anne Barrault, Paris.
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Photos : Guillaume Pinard
Tableaux présentés dans l’exposition
Revoici Guillaume Pinard du côté de la galerie Anne Barrault, charriant avec lui ses introspections bariolées, les déversant au passage dans une forme d’instantanéité, de pulsion exaltée. On connaît le goût du bonhomme à pratiquer frénétiquement sur toute sorte de médiums (fusain, film d’animation, dessin, écrit). Une rumination ardente qui porte à faire croire qu’il est en bonne santé mentale.
L’agitation du moment se fixe sur la peinture. C’est le sujet du jour. Comme si l’urgence tenait à lui rappeler que dans sa pratique d’artiste interdisciplinaire, il était aussi (surtout) question de ça. La peinture, c’est l’épreuve. Grave, fragile, grotesque aussi. Depuis cette problématique tout aussi régressive que salutaire, Guillaume Pinard questionne sa légitimité à s’y livrer.
Dans un premier temps, il joue, interprète le rôle, s’applique à faire comme si. Il peint en acrylique, consciencieusement, comme l’amateur, qui sur petit format évalue humblement son petit savoir faire. Il peint a priori, sans prévision, tapant dans le champ de toutes ses références, le plus immédiatement possible. Cela donne des formes (saint), des sujets (tartine), des images mentales (royal-iris) apparemment sans lien direct et sans unité. A ce stade, la chose n’a pas vraiment d’importance. Travaillées, retravaillées ou au contraire laissées plus ou moins volontairement à l’état du premier jet, ces toiles existent d’abord par le motif de leur fabrication, moins parce qu’elles représentent. Cul, crotte, bouledogue, renard, verre, peu importe le thème, il faut déjà savoir le rendre. C’est dans un deuxième temps que la démarche s’éclaire. Par association, essentiellement en diptyque, Guillaume Pinard cherche des liens, des signes. Il organise ses tableaux, les agence selon un penchant, une réflexion du registre on est dans la peinture, il convient de s’y perdre pour trouver un cheminement. Une intériorité se révèle. Un mode de pensée aussi. Par fragments, bascule et dégénérescence. Les associations de toile apparaissent alors comme les pièces d’un puzzle mental ordonnées selon le goût, la nature de Guillaume Pinard. Ses tableaux s’expriment comme les cartes postales d’un voyage à travers une peinture en permanente mutation. Une localité de transformation par couche grasse. C’est d’ailleurs là, à cet endroit précisément que réside le peintre avéré, là où l’amateur ne fait que reproduire, là où Guillaume Pinard s’efforce à transformer.
Frank G. Richard