Guillaume
Pinard

06.09.2023

Otto, 2010

Exposition personnelle dans le cadre de la 3è Biennale d'art contemporain du Havre
Le Portique espace d'art contemporain, Le Havre.

Otto, 2010
Exposition personnelle dans le cadre de la 3è Biennale d’art contemporain du Havre, Le Portique espace d’art contemporain, Le Havre.

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Photos : Guillaume Pinard

Avril
Durée 19,33 minutes

+ Voir l'interview réalisée au Portique, Le Havre

Guillaume Pinard : “OTTO”

A l’entrée, un cercle nous accueille : c’est en son sein, en le traversant, qu’on pénètre dans un parcours scénographique. L’artiste oriente alors notre regard et nous invite à découvrir un premier mural, sorte de générique, de prologue au récit. Un mural réalisé au fusain, reproduit et fige une image des dessins animés anciens : on découvre le titre de l’exposition, hommage à Otto Messmer, le père oublié de Félix le Chat. Affichant cette identité artistique, Guillaume Pinard fait apparaître ce qui se cache, révèle ce qui est tu, annonçant ainsi la tonalité générale de l’exposition. Ici va nous être racontée une histoire en différents fragments, oscillant entre apparition et disparition. Guillaume Pinard organise son exposition comme un ensemble d’éléments autonomes qui, rassemblés, constituent un récit. Lequel ? Il appartient à chacun de refaire son film. L’artiste dissémine des indices pour nous mettre sur une piste, sur des pistes car, ici, plusieurs scenarii peuvent être construits. Guillaume Pinard ne verrouille pas les sens, mais nous ouvrent des voies, sorte de « yellow brick road » sur laquelle on s’engage, disposé à investir le lieu de signifiants.Au prologue répond un autre mural, inspiré d’une œuvre de Poussin qui, sous les traits de l’artiste, devient un paysage mélancolique dans lequel on se propulse, se promène, se perd. Dans les traits, les jeux d’ombre et de lumière, on peut réinventer un paysage, le redessiner. C’est ce même paysage, cette essence même d’un espace que recherche l’artiste dans le dispositif scénique. Ainsi, une maison, à échelle enfantine s’inscrit dans le lieu, le redéfinit et nous invite à poursuivre la découverte. Traversant cette maison, dont le statut hybride (sorte de maquette à taille réelle) traduit cette volonté de brouiller les pistes entre réalité et fiction, le visiteur investit une pièce plongée dans le noir, espace de projection qui accueille un film dont la modernité de traitement rompt avec le geste manuel du dessin. Un paysage vide, marqué par l’absence de personnage, défile sous nos yeux, sorte de plan fixe permanent. Une musique accompagne ce dispositif, en contrepoint car elle est remplie, touffue et multiple, par opposition à l’aridité du paysage représenté. Entre l’image et le son se rejoue la problématique du plein et du vide, de l’austérité et de la saturation. Cet espace accueille deux temps de l’exposition : lors du vernissage, la musique jouée en live par une pianiste donne du corps, un corps à ces matériaux plastiques et auditifs, soulignant le caractère humain du travail artistique, tandis que l’autre temps de l’exposition est rythmé par la diffusion de la bande-son enregistrée sur des machines. Ici, c’est alors la dimension technologique et mécanique qui prend le pas sur l’humain. Ainsi, l’exposition se structure autour de cette tension entre humain et technique, entre réalité et fiction. Guillaume Pinard nous invite à nous interroger sur cette création temporaire d’un monde inventé, suggéré et redessiné. Les éléments constitutifs de l’exposition sont autant de pictogrammes que nous pouvons agencer, déplacer pour, à chaque fois, relancer le sens et le récit.

Le titre étant un palindrome, l’exposition met en scène, matérialise cette figure de style car les pièces se répondent entre elles, peuvent se lire indépendamment, de façon aléatoire pour ensuite se rassembler. « OTTO» suggère les allers et retours que doit effectuer le visiteur dans le lieu : différentes lectures et trajectoires sont envisageables. Le temps de l’exposition, chacun est invité à déchiffrer les images qui défilent sous les yeux, à les lier ou délier, à les investir de sens ou à les épuiser. Résurgence de l’enfance, de l’histoire de l’art, d’un souvenir lointain, de paysages fantasmés, « OTTO» se découvre physiquement, s’éprouve. Expérience physique, « OTTO» se fait et se défait, se lit et se relit, à l’envers et à l’endroit, ici et ailleurs.

Communiqué de presse de l’exposition.