Où est-Y ?
Exposition Où est-Y ? au Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, 2008
Co-organisation Frac Bretagne
Dès ses études à l’école des Beaux-Arts de Quimper, Yvan Le Bozec, né au Mans en 1958, commence à écrire dans la presse locale tout en dirigeant une petite publication, l’hurluberlu. Lassitude des U et habitude d’écrire lui font adopter la lettre Y - à la fois initiale de son prénom et dessin - comme motif central et récurrent de son travail. Dynamique, rigoureuse ou saugrenue, détournée ou décalée, la lettre fait appel à de multiples représentations farfelues (dessin, photographie, papier peint) et s’accompagne d’un discours empreint d’humour. Sous couvert d’une pratique obsessionnelle de l’autoportrait, c’est l’éternel questionnement de la peinture qui se lit dans l’œuvre de cet artiste.
Extrait (comme tous les textes de cette page) du Journal de l’exposition.
Le Salon de musique, 1995-1996
Collection Frac Rhône-Alpes
L’œuvre présente une méridienne, frappée du monogramme Y, cher à l’artiste, installée face à une série de dessins accrochés au mur. 30 pages écrites sont consacrées à la recherche d’anagrammes du titre Salon de Musique, 30 pages sont le dessin d’anagrammes résolus.
Cette installation reflète les multiples personnalités endosséees tour à tour par Yvan Le Bozec, dessinateur, écrivain, designer, décorateur, amateur de musique, de cinéma ou de psychanalyse, qui sait ? En effet, le divan qui, par ailleurs existe en une deuxième édition, intitulée Le divan d’Yvan, outre le jeu de consonance de son titre, évoque non sans humour un divan plus célèbre, celui de Sigmund Freud. L’histoire de cet élément de mobilier est pourtant bien plus ancienne puisqu’il désigne dans l’empire ottoman la salle de conseil du sultan. Coïncidence encore, qui conduit l’esprit vagabond vers un autre salon tout aussi exotique, celui pourquoi pas, du cinéaste indien Satyajit Ray et une autre musique, celle “d’ameublement” du compositeur Erik Satie.
Homonculus, homonculi, 2003
Sémiose éditions, 40 modules en plastique rouge et attaches parisiennes.
A l’occasion, Yvan Le Bozec se fait inventeur de jeu ou scientifique farfelu lorsqu’il dessine et réalise, au départ en carton, ce Y un peu flottant, aux allures de symbole biologique. Baptisé avec humour d’un nom aux sonorités latines, cet homonculus devient un concentré d’identité plutôt dérisoire, chromosome de pacotille à combiner à l’infini, juste pour le plaisir.
Les peintures circulaires (tondo) ont été réalisées à partir de la combinaison des motifs d’Homonculus, homonculi. La forme initiale du Y semble se perdre dans un réseau qui évoque un univers cellulaire ou organique.
Plus j’pédale moins fort, moins ça joue plus vite, 2004
Projection vidéo, bicyclette et boîte à musique
A l’étage du musée, le mouvement et le corps sont mis en scène grâce à des mécaniques sonores ou visuelles, pour certaines héritées des premières recherches sur l’image animée. Ainsi le praxinoscope fait-il tourner des vues empruntées au photographe Muybridge, célèbre pour ses recherches sur la décomposition du mouvement. La bicyclette se fait musicale et la vidéo My Way a comme titre et bande sonore un tube des années soixante-dix.
Vues d’expositions, Musée d’art et d’histoire, Saint-Brieuc.
Photo : Hervé Beurel © Frac Bretagne