SKYS#3
Vue d’ensemble
SKYS#3 Saint Pierre et Miquelon (sélection), 2019
Série de 20 dessins, pierre noire, papier grain fin 300g Canson
Dimensions : non encadré : 45,7 x 61 cm, encadré : 50 x 65 x 1,5 cm
Dimensions de l’ensemble : env. 2,10 x 3,45 m
Crédit photographique : Yuna Amand © ADAGP
La série des SKYS a débuté en 2015 avec la volonté de référer à un cliché romantique. Elle compte à ce jour 45 dessins répartis en 3 séries : SKYS#1 Etel 2015, SKYS#2 Rennes 2018 et SKYS#3 Saint Pierre et Miquelon 20191.
Ces cieux, qu’ils soient tourmentés, paisibles ou incarnés reprennent ce que l’on peut désigner comme motif dans l’histoire de la peinture occidentale. Dans sa compréhension première, cette digression encourage l’artiste à se concentrer sur une réalité naturaliste simple, inspirée du quotidien. L’intention première est de travailler autour de la fragmentation d’un
environnement par essence non quantifiable tels que le ciel, la brume, les nuées, les vapeurs.
En associant le dessin comme mode de représentation, il est question de confronter une impression d’immensité au paradigme du petit format.
Ces 3 séquences de dessin ont été conçues en 3 temps et 3 lieux différents. La dimension environnementale conditionne un ton, un timbre, une ligne graphique générale. SKYS#3 s’est développée sur le territoire de Saint Pierre et Miquelon durant l’hiver 2019. Cet archipel français en Amérique du nord, battu par les vents, la neige et perdu dans les brumes du Labrador, imprime une atmosphère particulière à ce dernier volet. J’évoquais le mouvement romantique en tout début de texte. Ayant résidé près d’un an sur ces îles, je suis en mesure d’affirmer qu’elles cristallisent clairement cette notion de sublime face à la nature et aux éléments déchainés, propre au romantisme français et allemand. N’est-ce d’ailleurs pas un lieu évoqué par Chateaubriand dans Mémoires d’outre tombe?2
Si la représentation est sous jacente dans SKYS#3, la variation est elle, au coeur du projet. Au premier coup d’oeil, ces captations dessinées semblent similaires les unes aux autres. Ce serait oublié une caractéristique fondamentale de la nuée : le développement spatial d’une matière à un moment donné. Elle évolue en permanence dans sa progression météorologique. Ce perpétuel mouvement confère à chaque séquence dessinée, une identité et une intégrité propre à l’ensemble de la pièce. Tentative illusoire, vouée au morcellement et à la fragmentation d’un événement aussi vaste et insaisissable que des nuages qui passent dans le ciel, ces dessins s’imposent comme le prélèvement d’un détail, une partie d’intimité à un instant donné.
2. … j’attendis qu’une rafale, arrachant le brouillard, me montra le lieu que j’habitais, et pour ainsi dire le visage de mes hôtes dans ce pays des ombres. Mémoires d’outre tombe, 1848, François René de Chateaubriand (1768-1848)