Ursula
Döbereiner

NEW . 18.07.2024

view002

view002

Vues de l’exposition collective, dress/id - the language of the self / le langage du Moi, Centre d’art contemporaine, Passerelle, Brest, 2012

view002
Livret en impression offset, avec des posters découpés en étoile à assembler soi-même

view002, éditée à l’occasion de l’exposition dress/id - the language of the self / le langage du Moi, par le centre d’art Passerelle, Brest, 2012, conception et réalisation : Ursula Döbereiner, édition : 200 exemplaires, 128 Pages + lunettes 3D, text de Ulrike Kremeier (allemand et francais), ISBN 2-913988-23-7

« view002 » d’Ursula Döbereiner est un travail proche du fanzine. Le livret est imprimé dans cet esprit, en trichromie - en rouge, bleu et noir -, mais il peut être aussi présenté sous une autre forme pour l’exposition : à la fois magazine, le travail peut être accroché aux murs. Dans le contexte institutionnel de l’art, l’accrochage de l’œuvre présentée est déterminé par l’artiste. Dans le contexte privé, chaque lecteur qui disposera d’un fanzine pourra organiser un affichage propre des pages du magazine, comme des posters : la couverture et la quatrième de couverture sont imprimées dans ce sens.

Les 128 images qui composent le livret sont autant de collages numériques (réalisés à l’ordinateur) basés sur des images trouvées sur internet. Le point de départ du travail d’Ursula Döbereiner a consisté d’une part en une recherche d’images sur internet sous le mot-clé « burqa », en différentes langues et avec différentes orthographes, et associé à différents termes comme « caché », « abri », « camouflage »… D’autre part, l’artiste a également recherché sur le Net des publicités pour un projecteur.

Tout ce matériel trouvé, toutes ces images collectées ont été ensuite traités sur un même principe de collage. Ainsi par exemple, toutes les images de burqa ont été accolées de la même façon à des textes, écrits, titres… découpés selon la forme de la burqa. Comme le corps de celle qui porte la burqa disparaît, ces collages laissent des espaces vides, espaces qui se détachent du reste de l’image. Une sorte de structure dans la mise en page révèle alors une lecture de l’image particulière : le regard est possible au-delà, par derrière…

Quant aux publicités Kodak, c’est le projecteur qui a été découpé dans l’image, devenant une silhouette qui pourrait se trouver dans une salle de projection – ainsi, c’est encore l’arrière plan de l’image qui dialogue avec la forme.

De toutes ces images, émerge une idée d’autorité, de représentation, de construction de l’image, de développement et d’affirmation de l’identité, représentée mais aussi absente - une absence explicite qui souligne l’existence de l’idée : la forme spécifique n’est plus identifiable mais l’effacement visuel de cette forme rend plus forte encore l’idée qui la sous-tend. La fragmentation des images qui en résulte implique alors une fragmentation du regard, qui tend à décrire ou projeter le réel et/ou l’imaginaire.

Pour découvrir le travail « view002 » exposé dans le cadre de l’exposition dress/id au centre d’art passerelle, le visiteur doit s’équiper de lunettes 3D. Le champ visuel se modifie alors, comme celui tronqué de la femme qui porte le voile. Le visiteur a la vue brouillée et l’image disparaît presque. Ainsi l’apparence physique change dans la perception par l’autre, mais il s’agit aussi de considérer sa propre vision, sa propre réception des images, à la fois déterminée et filtrée.

Ulrike Kremeier