Posterbox

Posterbox s’inspire des motifs de désir reproduits des millions de fois sur les affiches des magazines pour jeunes et des impressions de posters bon marché des boutiques de cadeaux spécialisées. Tout le monde connaît ces archives de désirs, de rêves et de souvenirs recyclés par l’industrie du divertissement, dans lesquelles Christina Aguilera règne aux côtés de Che Guevara, et où les poneys, les stars de soap nues, les plages tropicales côtoient les groupes de hip-hop, les courses de carcasses ou les footballeurs. Tout comme les posters qui font partie de l’ameublement des chambres d’adolescents donnent une idée stéréotypée de la manière dont les adolescents peuvent s’installer dans la réalité et se projeter dans un avenir « accompli », la POSTER_BOX de Döbereiner s’intéresse à la déconstruction et au vidage des poses, des gestes, des cultes de la célébrité et des images de désir préfabriqués.

Il s’agit ici d’autonomisation et d’appropriation artistique. Avec des tracés informatiques et des séries de dessins, Döbereiner transforme l’espace de la galerie en un espace de mémoire et de production dans lequel se superposent les goûts personnels, les éléments autobiographiques et l’étude artistique du médium du dessin. Le point de départ du travail de Döbereiner est la reproduction concentrée et enivrante de styles musicaux, d’images de films, de publicités, de pochettes de disques et d’images de magazines. Pendant que l’artiste écoute de la musique et dessine des images trouvées ou photographiées par elle-même dans sa collection, elle se met dans un état à la fois adolescent et distant. Des dessins de papillons sont gonflés à l’ordinateur et tapissés sur les murs et les portes, des amies reproduisent les poses de stars de tout un magazine Vanity-Fair, des lignes de stylo à bille et des hachures créent des reflets de lumière psychédéliques et des mouvements flous sous l’impulsion de la musique.

Les protagonistes des images vibrantes de Döbereiner apparaissent déjà au-delà de la jeunesse et sont marqués par la vie : la danseuse psychotique Gena Rowlands dans « Femme sous influence » de Cassavetes, le visage caché par des lunettes de soleil noires de l’artiste berlinoise S.M. van der Linden, Cosey de Throbbing Gristle. Les états décrits par Döbereiner oscillent entre le ravissement et le contrôle absolu - les voitures de course tournent autour de leur axe, les surfeurs surfent sur des vagues énormes, l’image du musicien Scott Walker se reflète dans une pupille blanchie. Aux promesses infantiles des images des médias de masse, Döbereiner oppose la routine professionnelle d’un junkie : Sa boîte d’affiches décompose la matière picturale sous-jacente avec la précision d’une lame de rasoir et montre au spectateur comment il peut ainsi assouvir son désir - glamour, sans scrupules et totalement dépourvu d’innocence.

Oliver Koerner de Gustorf