Pour mes installations “esc002 - esc006”, j’ai reproduit sur ordinateur des motifs des intérieurs du château de Linderhof (construit dans les années 1870 à 1886) et j’en ai tapissé les murs des salles d’exposition sous forme d’impressions informatiques à l’échelle du mur.
Louis II de Bavière s’est fait construire un monde artificiel néo-baroque avec ses châteaux pour échapper aux impositions de sa réalité. Il a emprunté les effets de la construction baroque, un illusionnisme exacerbé, et a mis en scène son rêve d’absolutisme sous forme de fantasme architectural dans les formes du néo-baroque. Dans mon travail, j’ai repris les stratégies de décloisonnement de Ludwig et son principe d’appropriation des réalités médiatisées. Ce qui, dans l’original, servait à délimiter l’espace et à submerger le spectateur par la fusion de l’ornement, de l’architecture, de la sculpture et de la peinture, et par la profusion de décors dans les salles des miroirs et les couloirs des chambres, est chez moi une construction dessinée de pixels tapissés. Il en résulte un tout nouvel espace imaginaire dans lequel l’architecture réelle de la salle d’exposition se confond avec une architecture fictive dessinée. Le papier peint, en tant qu’élément classique de l’habitat, est à la fois une construction dessinée et un aménagement réel.
Aujourd’hui, nous pouvons utiliser des mondes virtuels sur l’ordinateur pour fuir le monde. C’est ce à quoi ce travail fait référence, d’où les marches et les pixels des dessins informatiques et le titre esc. La touche esc de l’ordinateur sert à arrêter une application si nous ne pouvons pas la terminer autrement.

Ursula Döbereiner