Thomas
Tudoux

UP . 20.03.2024

DE EFFICACITATIS VICTORIA

Crayon sur papier, 60 x 65 cm, 2012

DE EFFICACITATIS VICTORIA, 2012

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Crayon sur papier, 60 x 65 cm_
_Production : ACC Weimar, Halle 14 Leipzig, Galerie Mélanie Rio

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Inspiré de gravures morales de la Renaissance (Le cycle des Vicissitudes humaines de Maarten Van Heemskerck), ce dessin propose d’ériger l’efficacité en valeur cardinale de notre époque. Cependant, loin de la culture Humaniste qui inspire le motif, l’allégorie est ici tirée d’une publicité de boisson énergisante qui décrit en six portraits archétypaux l’Homme contemporain hyperactif.
Porteur d’uchronie, ce triomphe de l’efficacité crée un carambolage temporelle en soumettant une valeur hypermoderne à l’Histoire.

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Vues de l’exposition Temps plein à la galerie melanie rio
Photo : Thomas Tudoux

Lecture de l’allégorie - De Efficacitatis Victoria

Je suis l’Efficacité qui pousse l’humanité à l’accélération et au progrès. De puissants taureaux rouges tirent mon char plus haut et plus fort, jusqu’aux limites jamais égalées. Je donne des ailes pour survoler la vie et atteindre rapidement succès et fortune.

Loin de la culture Humaniste qui inspire le motif, l’allégorie est ici tirée d’une publicité de boisson énergisante qui érige l’efficacité en valeur première de notre époque (figure principale) et décrit en six portraits archétypaux (figures secondaires) l’homme contemporain. Le dessin est une référence directe aux travaux de Maarten van Heemskerck (1498-1576), cependant les corps et les postures s’inspirent des critères esthétiques actuels.

La figure principale, l’efficacité occupe la place d’honneur. Elle prend les traits d’une femme nue s’élançant vers le ciel avec énergie. Debout sur un globe céleste, elle domine le monde. Ses ailes déployées symbolisent sa rapidité tandis que sa grande mèche sur le front indique qu’elle est l’occasion opportune qu’il faut saisir au vol, car une fois passée, elle nous échappe. De son fouet, incitation et motivation, elle cingle inlassablement et de manière cyclique, les taureaux ailées, nuit et jour tirant le char du temps et entrainant son accélération.

Les archétypes de la société contemporaine accompagnent le char dans sa course, portés par les ailes de l’efficacité. Le sportif, athlète couronné de laurier, le guide à l’aide du flambeau de la victoire. Les fleurs dans sa main gauche nous rappellent que toute gloire est éphémère. Le fêtard, énergique noctambule, se joint au cortège portant un luth et faisant des cabrioles. L’étudiant a les cheveux mêlés de lierre indiquant sa jeunesse, porte la bougie du travail nocturne, le livre de l’instruction et la médaille du mérite. Le travailleur frotte un morceau d’acier contre un silex afin de produire une étincelle, tâche fatigante qui incarne son dur labeur, une bourse à son côté indique quant à elle l’argent durement gagné. Le cocher est le conducteur, il prend les traits de Phaéton, fils du Soleil, mort foudroyé pour avoir perdu le contrôle du char de son père, et avoir ainsi manqué d’embraser le monde. Ses cheveux de feu nous rappellent son ascendance, sa trompette son orgueil, et les rênes déchirés son destin funeste. Enfin, la femme clôt la procession. Ses enfants portent ses attributs, une plume de paon pour la beauté, une quenouille et un fuseau surmonté d’une bougie pour le labeur, elle est ainsi à la fois la mère, la femme et la travailleuse.

En arrière plan se dessinent de nombreux monuments. Tout d’abord la maison de la compétition, ornée des drapeaux à damiers, le temple du travail avec les abeilles industrieuses, la colonne du temps portant le sablier, un arc de triomphe et enfin la tour de Babel, symbole d’un orgueil et d’une ambition démesurée.