Montagnes de déchets, sols creusés, territoires usés, paysages transformés ; qu’est-ce que l’être humain laisse comme héritage, involontairement construit, pour les archéologues du futur ? Il y a certainement une absurdité poétique quand on observe le décor actuel que nous avons fabriqué sur terre. Les effets du temps sur nos installations modernes apparaissent, car celles-ci sont programmées à une destruction prématurée. Aujourd’hui, les ruines naissent toujours plus vite 1 . D’ailleurs, nous n’avons jamais autant construit et détruit l’architecture dans toute notre histoire.

Pendant ce temps, les géologues imaginent l’avènement d’une nouvelle ère où les humains seraient en train de façonner une couche terrestre de plastique 2 . C’est une trace géante et indélébile que nous laissons derrière. Comment échapper à cette nouvelle histoire que nous avons façonnée avec nos mains lors des derniers siècles ?

L’ambigüité du regard face à notre avenir entre en conflit avec l’émerveillement de l’immensité créée par notre folie. Finalement, ce qui nous reste à faire, c’est peut-être profiter de ce qui demeure, tant que nous le pouvons, apprécier ces petites absurdités que nous côtoyons au quotidien, avec le sourire.

Marion Henry