Peintures, peinture.
Pour mon exposition à Bazouges la Pérouse, les principales questions qui se sont soulevées étaient : quoi exposer, et comment ? Questions standard, inhérentes à toute exposition et d’une banalité acquise.
La question du choix est une donnée fondamentale dans ma pratique de peintre. Fondamentale car le plus souvent inexistante ; le choix de la couleur, du geste ou de la composition étant volontiers nié au profit d’une production de surface, de remplissage. Le questionnement de la peinture est décalé vers les moyens et les techniques pour peindre. Il s’agit ensuite d’assumer un résultat aléatoire et systématiquement différent.
J’ai donc choisi de ne pas choisir, et d’emmener toutes les peintures que j’ai à disposition à l’atelier. Choix qui peut se révéler dangereux. S’agit-il d’une vue d’atelier ? D’un transfert d’espace de stockage ? D’une volonté primaire de remplir l’espace ? D’une rétrospection ? D’une installation ? D’une réserve ? S’agit-il vraiment d’une exposition de peintures ?
Les peintures présentées se chiffrent aux alentours de 80 tableaux, produits entre 2008 et aujourd’hui. Sans parler de « rétrospective », on peut parler d’inventaire. Le mode de présentation est défini par des contraintes de formats (les plus grandes en premier, contre le mur) et de rangement, et non par des raisonnements esthétiques ou chronologiques. Il en résulte des peintures partiellement cachées par d’autres, en même temps qu’une visibilité de l’ensemble de ma production, sans sélection, et donc une totale transparence.
Je propose une vue d’ensemble brute, où la peinture sur toile devient une matière artistique première. Une donnée quantifiable de surface et de volume, qui vient remplir un espace physique par sa présence comme objet.
Fait à Muel le 23 février 2015.
Pierre Galopin