L'effet Koulechov
L’effet Koulechov désigne la propension d’un plan à influer sur le sens du plan qui lui succède dans le montage, avec en retour l’influence de ce plan sur le sens du précédent. Une “contamination sémantique” à double direction au sein de laquelle le spectateur croit voir un lien de causalité entre les plans.
Expérience controversée (car il n’existe aucune trace a postériori), cette expérience n’en est pas moins fascinante car elle nous suggère qu’un plan n’a de l’importance que mis en relation avec un second.
Je vous montre ici cinq petits formats de peintures identiques, mis en relation avec cinq photographies. Cette série, qui fait référence au cinéma donc, nous montre aussi le rapport ambiguë qui peut subsister entre la photographie et la peinture.
Les rapports formels qui existent entre ces deux médiums par le format et les champs biseautés, sont également appuyés par une autre série de peintures disposées en colonne sur la gauche. De format identique mais disposées en paysage, les rapports formels entre les couleurs semblent nous montrer un véritable nuancier non d’images, mais des passe-partout qui encadrent ces images.
Nous pouvons suivre un cheminement dans la numérotation qui laisse penser que le regard doit s’orienter du bas vers le haut. Ce qui commence donc par nous faire observer un camion tagué (ou plutôt vandalisé) « all-over ». Le second est un chien tondu, sur une surface qui semble équivalente à celle de la surface de la peinture. Le troisième est un terrain de tennis mouillé qui semble se muter lors de son processus de séchage vers une esthétique d’aquarelle. Le quatrième, autoportrait de chasse, nous souligne juste une correspondance de couleur entre l’animal et mon pantalon. Cette photographie, intitulée « cosa-mentale » nous rappelle la citation de Léonard de Vinci qui affirme que la peinture est une chose mentale, sauf qu’ici ce n’est pas du mental de l’artiste dont il est question mais d’un animal décapité. La dernière, enfin, nous montre un carré bleu peint à Lisbonne qui semble, par son accrochage en hauteur, nous signifier l’élévation de la peinture, ou paradoxalement son affaissement.
Pierre Galopin