Nikolas
Fouré

04.08.2022

Climax et Scala

2017

Climax et Scala
Vues de l’exposition Le voisinage des oppositions, Galerie Laizé, le Village, Bazouges-la-Pérouse, (mars-mai 2017)

Climax et Scala
Vues de l’exposition Le voisinage des oppositions, Galerie Laizé, le Village, Bazouges-la-Pérouse, (mars-mai 2017)

Le voisinage des oppositions
Galerie Laizé, le Village, Bazouges-la-Pérouse, (mars-mai 2017).

L’église de Bazouges fut entièrement reconstruite au 19e siècle mais avec les matériaux et les éléments architecturaux des anciens édifices datant des 7e et 9e siècles. Depuis cette époque jusqu’au 19e, l’église était en fait divisée en deux églises distinctes, la première (construite au 7e) occupée par des religieux et la deuxième (construite au 9e) paroissiale. Durant des siècles, ces deux édifices mitoyens furent divisés par une grille puis par un escalier de quatre marches à partir du 10e siècle. Pendant quasiment un millénaire, au centre du village de Bazouges-La-Pérouse, la haute et la basse église étaient réunies par leur séparation.

L’actuelle église de Bazouges – toujours en cours de restauration – jouxte la galerie principale du centre d’art Le Village (la basse église devait d’ailleurs autrefois s’ériger en partie à la place de l’actuelle galerie Laizé). Sa généalogie et les notions de « jonction »/ « division » qui lui sont inhérentes m’ont guidées sur le chemin d’une réflexion teintée de dialectiques et d’oppositions. La dialectique est une méthode de raisonnement cherchant à user des oppositions afin de les réunir dans une conception de vérité. Thèse-antithèse-synthèse sont les outils qui construisent nos pensées et nos discours. Malgré cela, nos divergences, nos habitudes (fainéantise intellectuelle ?) et nos égos nous font souvent oublier la résultante synthétique (mère de sagesse ?).

Il ne s’agit pas ici de jouer au philosophe et/ou au moraliste, mais de projeter plastiquement des couples d’oppositions pouvant enfanter une diversité d’interprétations. Proposer des combinaisons qui ne soient pas enchainées dans une ontologie réductrice mais bel et bien dans une diversité des possibles et des transformations aujourd’hui à l’oeuvre. L’escalier est une synthèse, une mise en commun de deux oppositions : l’horizontal et le vertical. Binaire, il édifie des possibles : monter, descendre, ni l’un ni l’autre, les deux…
L’origine étymologique latine d’escalier est scala (échelle, qui donne scale en anglais). On peut y voir la dimension proprement fonctionnelle de l’escalier. Le versant en serait le terme d’origine grec : climax, qui évoque davantage la sémantique de la gradation arrivant à un point ultime. Entre fonctionnalité et contemplation, sculpture et élément architectural, il s’agit de faire dialoguer ces oppositions – pratiquer/penser - afin d’entrevoir une complicité implicite mais parfois oubliée. Cette proposition investie l’espace du rez-de-chaussée de la galerie Laizé.

À l’étage, dessins et sculptures se côtoient, dialoguent, mêlant jeux d’oppositions plastiques et sémantiques : surface/tracé, lumière/noir, été/hiver, haut/bas, masculin/féminin, volume/dessin… En couple ou du moins voisins, les opposés sont – en fait - souvent beaucoup plus proches que l’on ne pense.

Climax, 2017
_Pin maritime, visses
_Photo : Ettore Labbate__

Scala, 2017
Pin maritime, ossature CP, quincaillerie
Photo : Ettore Labbate

Scala, 2017
Pin maritime, ossature CP, quincaillerie