Nikolas
Fouré

04.08.2022

Averses

2006

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Averses, 2006
Polystyrène, coton, ossature bois et système son (8 haut-parleurs sur 4 pistes),
600 cm x 400 cm x 350 cm, avec la collaboration de Boris Jakobek pour le son
Vues de l’exposition au Triangle, Rennes

Photo : Laurent Grivet

“Pour les marins, les cirrus sont des queues de chat, les cumulus des balles de coton”. Jean Baptiste Lamarck, naturaliste francais(1) classaient ainsi les nuages : les pommelés, les boursouflés, les attroupés,les coureurs, les diablotins… Gilles Clément jardinier et écrivain(2) indique qu’ “on ne peut détacher l’univers des météores de celui des êtres soumis à la météorologie. On peut estimer que la biologiedans son acception la plus vaste englobe tout l’espace susceptible d’accueillir le vivant… Pour comprendre le vivant, comprendre les nuages…”
Nikolas Fouré suspend un nuage de coton sous le ciel du Puits de lumière. Si on vient dessous, une averse de sons coulent et piquent, traversent les corps(3). Allégorie du temps qu’il fait, du temps qui passe, du temps sculpté ; beau temps ou mauvais temps influencent l’être. “Les climats comme les humeurs sont comme une variation de phénomènes attachés à une matière, à des éléments physiques : ambiance, environnement, atmosphère” dit l’artiste qui travaille le temps comme une matière. Il aime rapprocher la psyché humaine de la météorologie. Enveloppés de ciel, d’air et de lumière, les corps, la peau, “l’atmosphère” intérieure sont traversés de cyclones, d’anticyclones, d’ouragans, de nuages, de soleil… Pourquoi cet attrait pour les nuages ? “Sans doute parceque c’est du vivant, une forme en mouvement incessant ; et puis c’est un objet naturel qui nous emporte vers l’imaginaire et qui nous fait lever la tête. C’est de l’agrégat, de l’accumulation de molécules, de gouttelettes ; un objet qui se fait par cumul, par multiplication… Un objet qui se transforme, se déverse et se reforme… Et puis quelquechose “d’haptique”, que l’on voit mais que l’on ne peut toucher bien que l’on ressente un rapport au toucher (du coton ?!), une sensation physique avec la matière.” répond Nikolas Fouré. Pour accompagner le nuage et les sons, une accumulation de dessins au crayon à bille bleu. Ces fils d’Ariane “tissés” devenant des paysages recouvrent le mûr blanc. C’est un “geste absurde, répétitif qui me lie au monde et m’en éloigne en même temps” ajoute l’artiste.
Dans une approche sensible du monde les oeuvres de Nikolas Fouré parlent de la relation entre l’espace du dedans et l’espace du dehors. Les objets ou les attitudes proposées par Nikolas Fouré (performances, actions, sculptures…) sont à éprouver, à ressentir par le visiteur qui fera sa propre expérience esthétique devant les oeuvres.

Yvette Le Gall

(1) Jean Baptiste Lamarck : naturaliste français (1744 - 1829)
(2) Gilles Clément : jardinier et ecrivain. Extraits de son ouvrage “Nuages” aux éditions Bayard.
(3) Composition sonore spatialisée et multidiffusée, réalisée par Boris Jakobek.