Série hôtel Pasteur
Trappe sous-sol Hôtel Pasteur, 2018
Acrylique sur contreplaqué de peuplier
36,6 x 25,8 x 1,4 cm
Faux plafond Hôtel Pasteur, 2018
2018, acrylique sur contreplaqué de peuplier
36,6 x 25,8 x 1,4 cm
Mur laboratoire Hôtel Pasteur, 2018
Acrylique sur contreplaqué de peuplier
36,6 x 25,8 x 1,4 cm
Mur bloc opératoire Hôtel Pasteur, 2018
Acrylique sur contreplaqué de peuplier
36,6 x 25,8 x 1,4 cm
Caisson Néon Hôtel Pasteur, 2018
Acrylique sur contreplaqué de peuplier
36,6 x 25,8 x 1,4 cm
Substances
En français, comme en anglais, le mot « substance » désigne : matériau, essence (…) mettant en relation réalité et intellect.
Mon projet pour l’hôtel Pasteur est d’explorer le site en apportant un regard spécifique, un regard sur les manières qu’ont les matériaux d’exister et d’apparaître dans le bâtiment et dans son environnement proche.
Je réalise des captations, des prélèvements sur les sols, les murs, les éléments du mobilier… Ainsi que sur tout types de « substances » qui dans un sens permettent de faire une mise au point sur l’essence matérielle du bâtiment. En d’autres termes : comment ce bâtiment iconique apparaît en détails sous nos yeux ?
L’objectif n’est pas de constituer directement une sorte de témoignage historique du bâtiment, mais de faire appel à la manière dont se constitue une mémoire du réel. Une forme de réel qui échappe à la définition par le langage et par l’image picturale dans ce qu’il est convenu de nommer habituellement.
Le mot substance évoque également les caractéristiques physiques des atomes et des molécules chimiques. Ce terme est parfois utilisé pour designer des produits qui ont pour effet d’agir sur la perception. Des expériences sur la perception furent contemporaines des recherches de Soto, de Bridget Reiley (…) du mouvement Op’art, de l’art cinétique ou encore du mouvement Zéro (…). Elles s’inscrivent dans la continuité d’une approche physique de la peinture dont de nombreuses pistes sont encore à explorer aujourd’hui sous des angles et des modalités différentes. Le mot substance peut s’interpréter également par la capacité des œuvres à incarner ce qu’elles ne sont pas en passant par les moyens de la prestidigitation, de l’illusion ou de la ressemblance.
L’histoire de la peinture est intimement liée à la modification de la perception, sans jamais cesser de questionner les matériaux qui la constituent.
Matériaux entrant dans la composition chimique de la peinture : pigments, oxydes, polymères(…), et matériaux physiques des différents supports : toile, mur, bois, papiers (…)
Depuis plusieurs années, je réalise des peintures grâce à une technique de moulage. Cette technique me permet de réaliser des prélèvement sur toutes sortes de matières, des reliefs et des surfaces. La peinture prend directement la forme du matériau moulé. J’obtiens ainsi une représentation hyper réaliste, une emprunte fidèle en trois dimensions. Parfois lorsqu’il n’est pas possible de réaliser une emprunte directe, je modèle un original en terre ou en plâtre qui sera lui même moulé et restitué en peinture.
Ma dernière série de peinture (planches contact), celle sur laquelle je travaille actuellement, est un ensemble de tableaux de petits formats. Ce sont des planches de contreplaqué sur lesquelles est collée de la peinture acrylique.
J’étudie le bâtiments à travers ses matériaux, ses « substances » . Cette étude se focalise sur une approche frontale des détails des éléments matériels qui constituent le site. En moulant directement les matériaux, et/ou en créant des répliques qui serviront de modèles, nous obtenons une série de fragments, d’échantillons, qui permettent d’exporter le bâtiments au delà de des propres murs. Et ce, sans avoir recours à la vision distancié de la photographie ou de l’image produite à travers des moyens graphiques. Le résultat est plus proche d’échantillons de la galerie des moulages de la cité de l’Architecture à Paris que de la simple illustration par l’image. Cependant, au contraire de la modélisation numérique en 3 dimensions, cette manière de travailler n’exclue pas une certaine subjectivité : les accidents, le choix des couleurs, des différents types de peintures et de supports font entrer la procédure dans une représentation manuelle et non-mécanisée.
Jean-François Karst, Rennes, février 2018