Jean-François
Karst

27.12.2022

Parabole

Parabole, 2011
Céramique, dimensions variables

Le travail de Jean-François Karst aborde les questions de la représentation , de l’imitation et de la transformation des matériaux. Dans son travail il est aussi souvent question de perception et de déplacement des corps. Habituellement, Jean-François Karst utilise la peinture pour ses fortes propriétés de mimétisme avec d’autres matériaux. Pour l’exposition Réactif #3, il a réalisé une série d’antennes paraboliques en céramique. Attiré par la définition aristotélicienne de la transformation de la matière ainsi que par l’histoire ornementale du matériau, il s’est appliqué à façonner minutieusement la terre pour former les divers éléments qui composent une antenne parabolique.

En étroite relation avec la thématique « urbanisme et/ou mixité culturelle » de la résidence proposée par 2 Angles, sa proposition émane avant tout d’un constat. Alors que nous sortons à peine d’une vision moderniste de l’architecture visant à simplifier et uniformiser les constructions, les antennes paraboliques interfèrent visuellement avec l’extrême aridité formelle de certains bâtiments. Bien que leur usage ne soit pas décoratif, les antennes satellite modifient directement l’apparence des façades. Toutefois, les règles d’urbanisme peuvent être extrêmement strictes : un des exemples les plus connus est l’obligation de couleurs spécifiques pour les revêtements de façade, les fenêtres ou les volets.

Si une loi impose la présence d’une antenne parabolique collective pour les constructions récentes, une autre loi, fondamentale celle-ci, garantit la liberté de chacun à disposer du droit à l’information et à la réception audiovisuelle. Ainsi, en France, l’accrochage d’une antenne de moins d’un mètre de diamètre ne peut être interdite.

Jean-François Karst a utilisé cette faille législative comme amorce, un prétexte, pour déployer une série facsimilé d’antennes dans les rues de Flers.
Les antennes paraboliques apparues dans les années 80 n’ont a priori qu’une très faible charge historique ou symbolique, mais elles ont une fonction : celle de capter un signal. Au final, elles sont un des rares rajouts que les règles d’urbanisme n’ont pas réussi à empêcher.
Jean-François Karst soulève ici la question de la liberté d’agir sur cet élément qui fait l’interface entre le public et le privé : la façade. Il ne se contente pas de prélever un élément et d’en faire une réplique. En accrochant ses paraboles dans les rues, il cherche à appréhender différemment le rapport à l’action artistique dans l’espace public.

À l’opposé d’une approche monumentale, événementielle ou de l’accaparation par l’artiste de l’espace public, sa démarche est quasi indécelable. Dans l’espace public qui, par définition, appartient à tout le monde, la moindre intervention, qu’elle soit artistique architecturale ou simplement ornementale repose toujours sur un hypothétique consensus.