Jean-François
Karst

27.12.2022

Objets

Prise, 2021
Peinture acrylique contrecollé sur mur
10,3 x 10,3 x 1,9 cm

Grille, 2021
Peinture acrylique contrecollé sur mur
14,2 x 23,9 x 1,1 cm

Crochet, 2014
Peinture acrylique

Crochet est une oeuvre qui répond à l’invitation faite par Karim Ould, Jean- Benoît Lallemand et Michaël Chesneau pour l’exposition « Peindre 2 » à la galerie Mica. Crochet s’inscrit dans la suite des tableaux réalisés par Jean-François Karst. Depuis une dizaine d’années, Jean- François Karst utilise la peinture d’une manière particulière, il fabrique des objets en volumes qui prennent l’apparence des supports, des matières et des éléments habituellement utilisés par les peintres (toiles, clous, châssis…).

Ici, grâce à une technique complexe de moulage, il a reproduit un crochet inséré dans une cheville. L’objet et sa mise en situation sur un des murs de la galerie évoquent une oeuvre absente. Comme un tableau qui aurait été retiré de l’exposition sans que l’on en connaisse la raison. En appliquant successivement de fines couches de peinture qui à force de superpositions viennent remplir un moule qui contient l’empreinte de l’objet original, Jean-François Karst réussit à faire exister un objet à la fois réel et illusoire. Tout comme dans la série des antennes paraboliques en céramiques réalisées pour 2 Angles à Flers en 2011, ou encore la série de fausses pièces d’un euro (Karl), l’oeuvre produite joue avec l’insignifiance, c’est-à-dire qu’un spectateur non averti peut passer à côté de l’oeuvre sans la remarquer au premier coup d’oeil.

Le Radeau, 2003
Bois médium, plâtre, gouache, peinture à l'huile, peinture acrylique, silicone

Saturne, 2003
Bois médium, plâtre, gouache, peinture à l'huile, peinture acrylique, silicone

Ces deux boîtes de chocolats sont réalisées en bois médium. Sur le dessus des boîtes, j’ai reproduit à la peinture à l’huile deux tableaux célèbres: le Radeau de la Méduse de Géricault et Saturne dévorant un de ses fils de Goya. Le fond de la boîte est réalisé en plâtre peint à la gouache dorée puis vernie, les chocolats sont en peinture acrylique moulée et en silicone.

En revisitant ces deux tableaux célèbres, j’ai voulu repousser certaines mises en forme habituelles de la peinture. Outre le fait de ne pas avoir utilisé un des supports classiques de la peinture (le châssis sur toile), j’ai cherché à faire passer la peinture de la deuxième à la troisième dimension. En utilisant une technique de modelage puis de moulage, ma volonté était d’utiliser véritablement la peinture comme un volume, et par la suite d’en faire un objet. La particularité de ces boîtes, comme objets de conditionnement décorés qui ne dévoilent leur contenu qu’une fois ouvertes, me paraît assez proche de l’idée que l’on peut se faire d’un tableau.

L’agencement des chocolats, et la part de composition, de présentation, plus qu’un simple rangement me semble comparable avec une pointe d’ironie à certains réflexes de composition en dessin ou en peinture, mais également à tout volume ou surface se voulant un minimum structuré. Enfin, le caractère tragique et cannibale des deux scènes dépeintes par Géricault et Goya renvoie aux reproductions criardes de tableaux apaisants et angéliques, petits chats et autres bouquets de fleurs qui décorent souvent ces boîtes de chocolats très en vogue au moment des fêtes.