François
Feutrie

28.11.2022

Mutations, excroissances & greffes

Résidence, Les Verrières, Pont-Aven, 2012

MUTATIONS, EXCROISSANCES & GREFFES

Protubérance de parquet, 2012
Concrétion de particules de peinture, de sciure de parquet et de poussières diverses, 65 x 51 x 2,7 cm
Coproduction Les Verrières – résidences - ateliers de Pont-Aven.

Travaillant très souvent de manière in situ, pour ma résidence à Pont-Aven, le lieu même des Verrières a été la matière première de ma réflexion. Le bâtiment va être transformé pour accueillir le musée de la ville, la Mairie et les résidences-ateliers eux déménagent dans un autre bâtiment. Partant de ce fait, l’idée de réaliser une sorte d’hommage a été le moteur pour la création de plusieurs pièces, dont Protubérance de parquet. Constituée d’une concrétion de particules de peinture & de sciure de parquet et d’un plan poncé au sol, Protubérance de parquet rend hommage aux peintres venus en résidences dans mon atelier à Pont-Aven depuis 1883.

À cette date, l’Hôtel Julia ouvrit ses portes et accueillait au 3e étage des artistes dans ses ateliers. Les photographies du travail en cours retracent le ponçage pénible du parquet recouvert entièrement de plusieurs couches de peinture. Elles font écho au tableau Les raboteurs de parquet (1875) du peintre impressionniste Gustave Caillebotte. La matière extraite de la surface du parquet est rassemblée en un volume posé à même le sol. La forme du volume épouse les contours architecturaux de l’atelier à une échelle réduite, déterminée par la quantité de matière extraite, et mime son plan. Le plan au sol, reprenant lui aussi celui de l’atelier dans lequel il se trouve, se dessine par la contre-forme produite par le ponçage de l’ensemble du parquet. Le volume et le plan au sol servent de trace-souvenir par une mise en abîme et leur emplacement dans l’atelier qu’ils représentent. Protubérance de parquet réactive l’histoire des peintres de Pont-Aven par un passage de la peinture au volume et fonctionne comme une possible réponse à comment matérialiser l’histoire du lieu, une idée abstraite.

Une mutation annoncée, 2012
Trois volumes en profilés acier creux soudés, vernis automobile brillant avec durcisseur, 170 x 70 x 20 cm [x 3]
Coproduction Les Verrières – résidences - ateliers de Pont-Aven.

Étant en résidence en 2012 dans les Verrières de Pont-Aven, le lieu même des Verrières a été la matière première de ma réflexion. Le bâtiment à cette époque allait être transformé pour accueillir le musée de la ville. La Mairie déménageait dans un autre bâtiment et les résidences-ateliers quant à eux fermaient. Partant de ce fait, l’idée de réaliser une sorte d’hommage a été le moteur pour la création de plusieurs pièces, dont Une mutation annoncée.

Elle consiste en trois volumes en profilés métalliques soudés, tube acier creux à base carrée. Ce matériau fait référence à la structure du bâtiment qu’était l’ancien Hôtel Julia. « La modeste petite pension campagnarde qui constituait l’hôtel initial a maintenant un voisin magnifique construit avec une armature d’acier comme un gratte-ciel de Chicago… » 1.

La sculpture en apparence abstraite peut faire référence à une structure minimaliste labyrinthique. Elle propose une reconstruction de l’exosquelette du bâtiment et de ses six étages avec leurs cloisons. Chaque module est formé par l’assemblage de deux étages. Les étages assemblés ont une fonction commune dans l’organisation du bâtiment le 4e et le 3e étage concernent les Verrières – résidences - ateliers de Pont-Aven, le 2e et le 1er étage étaient occupés anciennement par la Mairie, les salles du rez-de-chaussée et du sous-sol servent à diverses réceptions et événements.

Le dessin de chaque étage est extrait des plans d’évacuation en cas d’incendie. L’œil se balade dans les volumes, représentant non pas une maquette du lieu mais plutôt une sorte de microarchitecture ou totem marquant un temps arrêté sur l’architecture du lieu avant sa métamorphose.

Source : Miltoun, Rambles in Brittany. Duckwood & Co London, 1905 à propos de l’annexe de l’Hôtel Julia.