Charlotte
Vitaioli

06.11.2023

Albertine Disparue

Vues de l'exposition Résidence au Centre d'art de Pontmain, 2016

Albertine Disparue
Vues de l’exposition Résidence au Centre d’art de Pontmain, 2016

Albertine Disaparue, 2016
Peinture sur feutrine, tissus et technique mixtes,
300 x 65 x 95 cm

Installation au Centre d’Art de Pontmain, 2016
Objets techniques mixtes, dessins à l’encre sur papier, peinture sur feutrine à franges, peinture sur céramique de Joachim Monvoisin (tout à droite)

Production Centre d’Art de Pontmain. Photos: Guillaume Ayer

ÉCLATS PROCESSIONNAIRES (…) Autour d’Albertine disparue, divers éléments font écho à l’installation : une bannière et un bâton de procession, petites pièces de tissu brodé portées par une hampe de bois laissé à l’état naturel, non équarri. Les deux objets sont parés de franges décoratives, de lanières de feutrine colorée, de broderies ou pompons, dans la droite ligne ornementale de leurs homologues cultuels. Par contre, ils ne font office d’insigne d’identification pour aucune confrérie religieuse, paroisse ou congrégation : ils sont l’emblème d’un rituel à inventer. Depuis quelques années, Charlotte Vitaioli fait partie des artistes qui s’emparent accessoirement des traces du sacré : « On n’assiste pas à la fin mais plutôt à l’extension universelle du sacré et dans toutes les directions, occultisme, sorcellerie, paganisme, nihilisme », remarque Jean-Louis Schlegel2. Il s’agit désormais d’un sacré où « le Dieu incarné a disparu, dont l’existence est vouée aux gémonies, rarement objet de nostalgie, souvent sujet de dérision, dépecé en pièce et en morceau mais aussi objet de reconstruction, de détournement et de métamorphose »3. Sans identité stable, le sacré selon Charlotte Vitaioli peut à la fois se plier à des codes formels existants et les dynamiter par un contenu ouvert à toutes les idoles, païennes et pop, hybrides et chaotiques. Dans cette série d’objets intitulée Divinités, elle intègre d’ailleurs la banane qu’Andy Warhol dessina pour le premier disque du Velvet Underground, ici décliné sur fond de fougères et rayons cosmiques, le tout encadré de franges de passementerie. Histoires de culte.

Extrait du texte d’Eva Prouteau «Au bord de la mort, au bord de l’amour» pour l’exposition
«Résidence» au Centre d’Art de Pontmain, 2016.