Chantiers infinis
LE PROJET
Chantiers infinis est une plateforme nomade territoriale d’échanges, d’évènements et de créations proposée aux habitants et institutions meusiennes. Une réflexion sur les traces, la mémoire et le territoire accompagnée par des musiciens, écrivains, artistes, cinéastes, chercheurs etc.
L’une de nos principales préoccupations est celle de la réactivation de mémoires collectives et individuelles issues de sources croisées et comparées, comme une possibilité de lier par des expressions sensibles le passé au présent.
L’idée de ces chantiers infinis est dans un premier temps de repérer les partenaires et acteurs du projet, de mettre en place un maillage modeste mais significatif du territoire, et de créer des équipes de réflexions et de recherches pour favoriser les rencontres autour de la création artistique.
Chaque partie du projet sera documentée par des traces, objets, images, son… afin de constituer des archives et donner une visibilité première aux matières collectées.
Ces archives augmentées au fur et à mesure serviront de cadre de référence et de sources aux créations artistiques présentées au public sous diverses formes.
En orientant leur collecte vers les habitants et leurs archives personnelles, les artistes placent les meusiens au coeur de l’objet artistique.
Parallèlement à ces collectes sur le terrain, c’est à distance qu’un travail de recherche et d’étude sur les pièces rapportées organise ces archives en corpus afin d’orienter les sélections futures vers différents supports de langage comme l’exposition, l’évènement, le numérique, le livre…
LA RECHERCHE
Quelles traces subsistent après des évènements marquants, historiques, des faits de guerre, des catastrophes naturelles, ou des modifications apportées par l’homme ?
Quelles archives sont-elles conservées par les habitants d’un lieu, d’une région ?
Quels témoignages peut-on recueillir ?
Comment les replacer au coeur de la mémoire collective au présent ?
Nous tentons de réinscrire les traces partiellement effacées de l’arrière front de la grande guerre dans leur territoire originel et observerons le rôle qu’a pu jouer la forêt entre 1914 et 1918. (bordures, replis, refuges, ressources de matériaux, lieux de stockage…)
Autant de questions intéressantes qui visent à définir la place des hommes au centre d’un champs de connexions qui fait “image” et déterminait les flux d’opposition de la grande guerre par rapport à son évolution aujourd’hui.
Dans un premier temps nous proposons d’effectuer des rencontres auprès des divers partenaires locaux – habitants, forestiers, gardes chasse, chasseurs, botanistes, exploitants agricoles, responsables d’archives municipales, conservateur d’archives départementales, bibliothécaires, élus locaux, artistes etc.
Toute personne susceptible de fournir des renseignements et des documents privés et publics à verser aux fonds d’archives communs.
Il s’agit ensuite, à partir des échanges et collectes, des relevés et prises de vue effectuées sur le terrain, de construire des corpus de documents, d’images, objets (formulaires, fiches, registres, actes, documents, photographies…) représentatifs des observations menées, de les réunir et de les articuler pour former des ensembles connectés significatifs de traces habituellement isolées.
Ce qui nous intéresse particulièrement quand nous découvrons un lieu, c’est de lier des problématiques séparées, de faire se rencontrer des domaines écartés, de mettre en dialogue de façon globale des échanges improbables pour créer les visions d’un mondes réinventé à partir de réalités individuelles, dans une logique de la pensée qui permet à chacun de se représenter.
Quelques mémoires de vies comparées, d’archives mises en regards, de biographies intimes et privées, extraites de leur silence, mises en dialogue sur différents supports de monstration consultables (supports papier, livre, internet…).
PARTENAIRES / PARTICIPANTS
Les questions de Mémoire partagées :
Rencontres – échanges ( plus de 50 dialogues engagés)
Collectes de documents, archives, objets, photographies, sons, vidéos…
- Archivistes, Archéologues, Bibliothécaires, Conservateurs, Collectionneurs, Documentaristes, Directeurs de Musées, Directeurs d’écoles de musique, Directeurs de l’ONF, Directeurs de laboratoires nationaux, Dirigeants militaires “d’active”, Magistrats de communes, Elus Départementaux, Responsables ecclésiastiques, BRGM de Nancy - Musiciens, Responsables culturels, Responsables militaires d’associations, Responsable de l’INEEC, Mission voix Lorraine, Historiens nationaux et locaux, Exploitants agricoles, Géomorphologue, chercheur universitaire, Ingénieurs des eaux et forêts, Biologistes, Botanistes, conservatoire Botanique de Nancy, Entomologistes, Arpenteurs, Habitants de la Meuse…, Membres d’associations Mémoire, Andra, site de Bures.
Les archives sont par définition et obligation légale, stockées par corpus durant des durées déterminées, isolées pour leur conservation, regroupées pour la consultation.
“Ces objets, ces images, ces titres et chroniques, rejoint l’intérêt que de nombreux artistes contemporains ont aujourd’hui pour la notion d’archives. Ces derniers se sont particulièrement intéressés à la communication et à l’information en tant que vecteurs d’une pratique artistique.
Le processus à l’oeuvre dans la construction de l’information important autant que leur contenu putatif, et c’est là qu’ils situent leurs interventions.
L’archive est envisagée comme une composante non négligeable de notre monde sensible aujourd’hui, et par conséquent de notre sensibilité.”
L’une de nos grandes préoccupations est celle de la réactivation de mémoires collectives et individuelles issues de sources croisées et comparées.
L’usage que nous en faisons comme support de notre réflexion, comme médium artistique, diffère de son statut habituel par les sélections que nous articulons sans hiérarchie apparente, selon une logique de court-circuit.
NOTES DES ARTISTES
Face aux grands sites de Mémoire de la Grande Guerre, particulièrement chargés du nombre de soldats tués sur les champs de bataille, aujourd’hui l’artiste ne peut qu’apporter une réponse différente au Souvenir.
De ces commémorations concentrés sur ces sites remarquables, aux croix blanches rangées, disposées à perte de vue, de ces mausolées, de ces lieux marqués par un vocabulaire de signes souvent proches des temples antiques – colonnes, parthénon, voutes, pyramides… De ces lieux de respect où le silence règne hors du temps des cérémonies, en dehors des dates du Souvenir, les fréquentations sont plus rares mais nous pouvons retenir ces repères comme constitutifs de notre mémoire collective.
C’est là, à contrario, sur un présent ouvert, vécu, que l’art fait son oeuvre en introduisant des logiques de mise en résonnance du passé avec le quotidien le plus tangible, évolutif et sans cesse en mouvement comme le monde aujourd’hui.
En écho à cette mémoire collective, construite de chaque histoire, de chaque personne, avec ses propres repères individuels, les habitants de la Meuse, sur le terrain se tiennent à distance pour oublier.
Nous souhaitons définir, avec les outils contemporains, les éléments d’un langage plastique approprié à chaque situation, à chaque localité répartie dans une géographie organisée par des trajectoires spécifiques, comme une carte de mémoire active, sensible, dont chaque réalisation, différente, permettrait de lier le présent au passé enfoui par autant d’approches renouvelées.
Ce n’est donc plus une oeuvre concentrée en un lieu, mais plusieurs créations d’importance et de tailles diverses, en lien avec leurs lieux de dialogues, qui pourraient constituer la syntaxe de nos relations au souvenir sur le territoire meusien, pour former une réticulation appréhendée à partir d’individualisations augmentées de leur comparaison.
Chausse-trappes, guerre 14-18