Angélique
Lecaille

18.11.2019

Cairn, Exposition d'Angélique Lecaille et Marion Verboom

Cairn, Exposition d’Angélique Lecaille et Marion Verboom, galerie MélanieRio, 2013

(image: ars-1.jpg)

Ars, 2013
Dessin à la mine de plomb, 115 x 140 cm
Collection privée
_Photo : Erwan Legars © Galerie MélanieRio

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(image: ars.jpg)

Ars, 2013
Dessin à la mine de plomb, 115 x 140 cm
_Photo : Erwan Legars © Galerie Mélanie Rio
_+ Cliquez sur l’image pour voir un détail de l’oeuvre__

TRM

TRM 1866(1), 2013
_Dessin à la mine de plomb, 150 x 100 cm_
_Photo : _Erwan Legars © Galerie Mélanie Rio__

TRM 1866(2), 2013
_Dessin à la mine de plomb, 150 x 100 cm_
_Photo : _Erwan Legars © Galerie Mélanie Rio__

Cairn

Cairn, 2013
Sculpture terre et mine de plomb sous globe en verre, 70 x 50 cm
_Photo : _Erwan Legars © Galerie Mélanie Rio__

_Vue de l’exposition “Cairn”, Exposition d’Angélique Lecaille et Marion Verboom, galerie MélanieRio, 2013__

Sous la mine de plomb ou dans le plâtre adviennent ici d’autres contrées minérales. Avec une minutie extrême et une énergie bâtisseuse – qui ne saurait refléter leurs tempéraments respectifs – Angélique Lecaille et Marion Verboom manient les matériaux telluriques de leur art avec une rigueur et une sensualité qui nous feraient passer l’apocalypse pour un moment d’enthousiasme esthétique. Quand le sens sommeille entre les pierres, dans le vide d’air qui contient la mémoire du geste, le corps volatilisé, le mystère du passé et de l’avenir, le dessin s’exclame en réserve et la sculpture trouve sa puissance d’évocation dans le négatif. L’enregistrement de ces paysages millénaires par une technique sans âge, l’empreinte du corps et de la main de l’homme (ou plutôt de la femme) dans les fausses ruines et ces fossiles artificiels ont en commun cette dense absence et ce silence assourdissant des territoires hantés. Imaginons qu’elles aient la même provenance, ces œuvres seraient-elles les artefacts séduisants d’un monde disparu par excès d’ambition culturelle, dont ces objets contiennent les réminiscences en grisaille, de la peinture de paysage au chapiteau corinthien ?

N’allez pas chercher si loin ; ces œuvres viennent d’ici-bas et la réalité a depuis longtemps disparu derrière son simulacre – c’est de l’histoire ancienne –. Les ruines du modernisme, quant à elles, sont déjà balayées. A ce stade, l’œuvre de Marion Verboom et celle d’Angélique Lecaille nous épargnent, comme trop rarement, d’une nostalgie galante (qu’elles préfèrent ironiser!) et d’un conceptualisme endeuillé, pour se retrousser les manches, travailler le médium, sans reproche ni peur du beau ou du décoratif ! La Création revigorée par le travail dans l’atelier fait naître des mondes et des êtres littéralement extraits du dessin (les formes de Verboom de ses utopies d’urbanisme, les pierres de collection magnétiques de Lecaille de ses montagnes à la mine de plomb). Ces objets-créatures, organismes-constructions, auxquels Marion Verboom donne leur autonomie en les dotant de charnières, colonisent déjà l’espace d’exposition, y instaurent leur règne temporaire.

Julie Portier