Anaïs
Touchot

UP . 01.12.2025

Sans-titre

2023, installation
Galerie ambulante, projet de la galerie des Territoires partagés, Marseille.

Depuis maintenant plusieurs années, l’association ART’ccessible mène un parcours dans Marseille et ses environs, s’étendant au-delà des bouches du Rhône jusque dans la vallée du Queyras, l’arrière-pays Niçois vers Turin. Ce parcours est mené à l’aide de la galerie ambulante, véhicule aménagé en espace d’exposition.


Bande son accompagnant l'installation

Cette installation pour la Galerie Ambulante s’inspire du football féminin et des dynamiques de sororité qu’il véhicule. Brandi Chastain, première joueuse à avoir retiré son maillot lors d’une célébration de but en 1999, geste aussitôt hypersexualisé et médiatisé malgré sa simplicité sportive.

Cette image, à la fois symbole de puissance, de liberté et de controverse, devient le cœur de l’installation. L’artiste en peint la silhouette en grand format et l’installe devant un mural reprenant les motifs rouges et blancs du cirque, évoquant les chapiteaux ambulants, les phénomènes de foire et la manière dont certains corps ou gestes deviennent objets de projection et de jugement. La paille au sol rappelle l’animalisation dont Brandi Chastain a fait l’objet, tandis que les fleurs dispersées renvoient à la célébration, aux rituels sportifs, mais aussi à une douceur féminine réappropriée et revendiquée.

Comme pour les silhouettes extraordinaires du cirque, l’homme le plus grand, la femme à barbe, la figure géante de Brandi Chastain oscille entre admiration et stigmatisation.

Une bande-son vient troubler encore les repères : diffusée depuis un poste-radio tenu par une grenouille, narratrice décalée et bienveillante, elle mêle commentaires sportifs reproduits à l’oreillette, mots transformés, ambiances déplacées, créant un climat à la fois familier et étrange. Cette grenouille, à la manière du Monsieur Loyal, invite les passants à s’approcher du camion, rappelant que le football féminin reste peu médiatisé et que sa visibilité dépend encore de gestes marginaux, détournés, réinjectés dans l’espace public.

L’installation explore le pouvoir des gestes sportifs, la visibilité des femmes et la manière dont leurs corps et leurs actions sont perçus, célébrés ou stigmatisés, tout en réaffirmant la force de la sororité et de l’émancipation.

Visite de l'exposition.
Photo : Stéphane Guglielmet