Toutes les fenêtres sont ouvertes
Dans le cadre du Printemps de septembre, Sur les cendres de l’hacienda
Les maître mots des interventions d’Eva Taulois seront la couleur, déployée selon différents modes et en différents lieux, et le décalage, le pas de côté. Des couleurs tour à tour intrusives, surexposées, ou discrètes, selon deux caractéristiques de son travail qui aime à jouer de la métamorphose d’objets, d’espaces ou de situations du quotidien, réminiscences de son passage par des études de design.
A l’hôpital La Grave, elle augmente le geste pictural à l’échelle du bâtiment, sur une immense façade de verre et sur la passerelle attenante. Deux éléments d’architecture très récents, contrastant avec le bâtiment, offrant des surfaces et permettant de démultiplier les point de vue. L’enjeux ? Peindre, reproduire, agrandir et transposer. Autant d’actions menant du corps à l’architecture, du mouvement de pinceau au monumental, de l’atelier à l’espace public, de l’acrylique à la surface synthétique collée. S’y étalent, adhérant à même les vitres, des agrandissements de trois peintures réalisées à l’atelier, aux larges touches vives, nerveuses, ouvertes au regard et à l’interprétation, comme y invite leur titre : «Toutes les fenêtres sont ouvertes ». Travail de déplacement, de délégation, habituel en arts appliqués, ici détourné et réapproprié. Aux Abattoirs, une série de peintures sur tissus ou découpes rappelant des vêtements, et suspendues comme telles. Le quotidien encore, ici illuminé. Et plus discrètes car intégré aux et aux lieux d’exposition, entre aplat monochrome all over et arrière plans décoratifs, des pans de mur peints seront disséminées au gré des espaces d’exposition et selon les choix et désirs de l’équipe du festival. Travail ici doublement délégué donc, avec comme seule indication un nuancier de six couleurs préalablement et soigneusement choisies par Eva Taulois.
Nicolas Feodoroff
Générique, 2021
Vues de l’exposition collective à Trentotto, Sur les cendres de l’hacienda, Printemps de septembre, 2021, commissariat: Christian Bernard
Photo : Damien Aspe
© Adagp, Paris