Nicolas
Floc'h

01.12.2021

Performance Paintings

Par Dominique Abensour, in Catalogue de l'exposition "Danser sa vie"
Centre Georges Pompidou, 2011

Dans Performance Painting #1, 2005, deux figures (Nicolas Floc’h et le chorégraphe Alain Michard), enduites de peinture-noire pour l’un, blanche pour l’autre- se confrontent jusqu’à se confondre dans un même gris.
Dans Performance Painting #2, 2005, le chorégraphe Rachid Ouramdane, vêtu de blanc dans un espace blanc, essuie une pluie de peinture noire tout en produisant un dripping en trois dimensions.
Performance Painting #4 s’impose d’abord comme un monochrome noir de grande envergure dont l’intégrité, cependant, semble tranquillement menacée par une structure en polyptyque : quatre modules rectangulaires, identiques en taille, à associer deux à deux. Mais il y a plus. Un dessin complexe en anime les surfaces ; une infinité de traces, glissements, frottements et frappes répétées ont fini par moirer la matière mat du monochrome. À l’évidence, cet espace fut arpenté, usé de mille gestes et par nombre de corps en mouvement.
Performance Painting #4 vient d’un studio de danse d’Angers qui a cédé ses tapis usagers contre des tapis neufs. Nous sommes donc face à un sol qui, relevé à la verticale, affiche sereinement son statut de tableau. Au musée, cet instrument de travail en fin de vie reprend du service. Boîte noire qui conserve la mémoire muette des actions des danseurs dont l’anonymat reste scellé dans la masse du PVC, l’objet recyclé s’offre aujourd’hui à d’autres lectures au carrefour de plusieurs champs de références, au demeurant peu compatibles ou à tout le moins étanches : abstraction radicale, Action Painting, minimalisme, art conceptuel, performance… Mais précisément, c’est l’interaction entre des régimes ou des registres différents, voire entre des domaines hétérogènes qui intéresse l’artiste.

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