Si l’œuvre de David Zérah ne s’articule pas exclusivement autour de la pratique photographique, elle constitue toutefois un axe prioritaire de sa création. Aussi son approche est-elle tout à fait symptomatique d’une volonté de renoncer définitivement à toute contamination idéologique du médium. En effet, David Zérah, n’est vraisemblablement pas sans savoir que le flou sémiotique qui entoure l’image photographique, loin de lui être préjudiciable, lui confère une extraordinaire élasticité. Si l’on s’en tient au commentaire d’Arzel Marcinkowski sur les travaux de Zérah, ceux-ci s’inscriraient dans un champ autoréflexif et interrogeraient “la notion de création et de réception de l’œuvre d’art en étudiant les rapports entre la réalité et la fiction “1
. En témoigneraient entre autres les photographies soi-disant ” pseudoscientifiques ” ou illustratives auxquelles peuvent être rattachées The Queen’s croquet ground ainsi que des œuvres plus exposées à des spéculations narratives telle que The pool of tears.
Faut-il toutefois à l’instar de Marcinkowski parler à propos des images de David Zérah de “déréalisation” et de ” décalage ” ? Leur statut d’œuvre d’art semblerait en dépendre. Du moins si l’on se rattache aux paramètres d’une histoire de l’art avant tout rassurante. A travers leur silence les images de David Zérah sont paradoxalement plus parlantes car exposées à nos multiples interprétations. Ainsi jouissent-elles de cette faculté de se laisser pénétrer par différentes strates de réception, d’être à la fois images et discours sur l’image selon le regard que l’on porte sur elles et l’espace discursif qui leur est propre. A chacun de voir ou de ne pas voir dans ces photographies ce qui lui convient.
Comme l’a très justement énoncé Jacques Derrida dans sa lecture du roman-photo de Marie-Françoise Plissart2
il s’agit là de notre “droit de regard”.
David
Zérah
15.09.2022
Trafic F.R.A.C Haute-Normandie, Manuel 1994-1998
Eric Verhagen