Guillaume
Pellay

NEW . 15.03.2024

Blé

Exposition personnelle, 40mcube, septembre 2021
Production 40mcube

Vues de l'exposition personnelle Blé, 40mcube, 2021
Photos : Margot Montigny

Sous un titre qui agit comme une onomatopée, un son bref et doux à la fois, Guillaume Pellay signe une exposition qui oscille entre figuration et abstraction. Ce terme à la signification double, relevant de différents registres de langage, pouvant être employé au singulier comme au pluriel selon que l’on parle de la céréale au sens générique, des différentes variétés qui la composent ou de l’action de la récolter, mais aussi de l’argent qu’il désigne en argot, est ici dénué d’article et de ponctuation. Ainsi décontextualisé, c’est l’exposition qui devient son environnement et lui donne un sens élargi, que l’artiste redéfinit sans pour autant en faire une illustration stricte, par le biais de rapprochements inattendus.

L’activité agricole, la culture, la moisson, constituent un fil conducteur et nourrissent l’ensemble des œuvres créées pour l’occasion. Une première toile démesurée, librement suspendue au plafond, nous montre son envers. Elle crée une division, un sas dans lequel sont alignés des sèche-mains électriques comme on en trouve dans les lieux de travail. Le visiteur doit alors contourner cette peinture occultant toute vue d’ensemble pour accéder à l’espace qui se dévoile alors, et pénètre un véritable environnement de peinture, jusqu’au sol recouvert d’une toile couleur lie de vin et jaune pâle, que le visiteur foule aux pieds comme il arpenterait un champ, un territoire. Au recto de cette toile se révèlent des formes abstraites pouvant évoquer pêle-mêle des grains de blé, de maïs, et les peintures de Claude Viallat.

Bien conscient de l’histoire de ce thème populaire que constitue le travail des champs dans la peinture, Guillaume Pellay reproduit sur châssis un détail agrandi d’une peinture de Maxime Maufra, qui au début du XXème siècle côtoya en Bretagne les peintres impressionnistes. Si la figure humaine est nouvelle dans la pratique de l’artiste, elle passe par la reproduction d’images déjà existantes en peinture, en photo, issues de la publicité. À la figure du paysan, il ajoute le visage rieur, agrandi et dédoublé, du logo pointilliste de l’importateur d’agrumes Le Gamin que l’on trouve sur les cagettes de fruits. Une autre scène introduit l’animal de basse-cours, une oie pinçant une main, tandis qu’une personne brandit un brin de blé en notre direction. Détachés du mur et dressés dans l’espace, ces châssis prennent toute leur autonomie et agissent comme des personnages. Une peinture de forme ronde irradie comme un soleil cet environnement dans lequel se glissent de petites toiles représentant des sculptures de Sarah Blumenfeld réalisées à partir de mottes de beurre (le beurre et l’argent du beurre ?), ainsi qu’un discret portrait de Catherine Ringer, chanteuse du groupe Les Rita Mitsouko, qui vient en bon intrus pulvériser l’apparente cohérence de cet ensemble. L’importance du mot dans le travail de Guillaume Pellay se retrouve dans une peinture-sculpture dont les différentes faces donnent à lire de courts textes qui fonctionnent comme le refrain de l’exposition doucement susurré.

La déclinaison de différents formats d’œuvres, allant de plusieurs mètres de long jusqu’au 10 × 15 cm d’une photo d’album de famille, marque différentes échelles comme autant de strates, celle de l’espace, celle du corps, celle de la main. La présence de l’être humain et de son labeur dans l’exposition s’anime ponctuellement lors d’une performance réalisée par l’artiste avec Sarah Blumenfeld, Thomas Delahaye, Louis Deschamps, Solène Robert et Lina Schlageter. Elle sera de l’ordre de l’activité physique, d’un engrangement d’énergie et d’une dépense de calories, nourrie de blé et de beurre.

Anne Langlois

Le gros blé, 2021
peinture acrylique sur feutre synthétique, 400 × 900 cm
Sol : L’aire, 2021
Peinture acrylique sur feutre synthétique, 1850 × 920 cm

Exhibition, 2021
Peinture acrylique sur toile coton, 160 × 110 cm
Soleil, 2021
Peinture acrylique sur toile coton, Ø 200 cm
Le regard de Rita, 2021,
Peinture à l’huile sur bois contreplaqué, 12 × 21,2 cm
Beurre, série, 2021
Peinture acrylique sur toile coton, 28,9 × 38,8 cm chaque
Le battage mécanique, 2021
Peinture acrylique sur toile lin, 180 × 220 cm

Refrain, 2021
Techniques mixtes, 77 × 77 × 14,3 cm
Crin et lait font sept, 2021
Peinture acrylique sur bois contreplaqué, 12 × 12 × 12 cm

Chloé était un jars, 2021
Peinture acrylique sur toile, 220 × 160 cm
Chloé et Chloé, 2021
Peinture acrylique et huile sur toile coton, dimensions variables
L’une mine du Gamin, 2021
Peinture acrylique sur feutre synthétique, 200 × 180 cm.
Grainer, sécher, 2021
Plants de radis, dimensions variables
Beurre, série, 2021
Peinture acrylique sur toile coton, 28,9 × 38,8 cm chaque
Le vent mécanique, 2021
Techniques mixtes, dimensions variables
Loy et Loy, 2021
Peinture acrylique sur gants, dimensions variables

Photos : Margot Montigny