François
Feutrie

12.09.2024

Paysages d'intérieur

Exposition, Passerelle Centre d'art contemporain, Brest, 2014

Le Fabricatoire de paysages
Vues de l’exposition.
Photos : François Feutrie & Aurélien Mole.

Le Fabricatoire de paysages
Vidéo HD, couleurs, en boucle, 12 min

Pièces d’intérieur
Vues de l’exposition 8 modules bois (OSB, médium, contreplaqué, aggloméré), plexiglas, Vénilia, peinture, dimensions variables. Photos : François Feutrie & Aurélien Mole.

Art topiaire
Carte recto verso, édition 1000 exemplaires, A7. © François Feutrie / ADAGP, Paris, 2022

L’exposition « Paysages d’intérieur », propose un dispositif intitulé Le Fabricatoire de paysages. Les gabarits, outils servant dans l’art topiaire à dessiner et sculpter un paysage géométrique & standardisé de jardin à la française, sont utilisés dans l’exposition comme prismes photographiques et emporte-pièces extrayant des éléments visuels ayant nourris mon travail et se retrouvant dans les sculptures issues de ces gabarits. Le Fabricatoire de paysages s’adapte au lieu d’exposition. Il peut prendre différentes formes et propose des résultats différents dans chaque lieu d’exposition. Il extrait des éléments du vernaculaire, du local, donc du contexte dans lequel il est exposé. Il réagence en quelque sorte des éléments contextuels. Le dispositif de l’installation du Fabricatoire de paysages [décor composé de la projection d’un diaporama d’images à travers des gabarits] a été filmé et recadré frontalement. Le Fabricatoire de paysages est la vidéo-projection recadrée dans l’espace d’exposition et diffusée au même endroit ou a été tournée la scène du diaporama projeté dans le décor des gabarits. Dans l’idée du décor dans le décor et de mise en abyme de l’espace concret, projeté, filmé et imaginaire, Le Fabricatoire de paysages est un tableau de paysages en mouvement renouvelé à chaque nouvelle image projetée. La projection est recadrée en vidéo à l’image des gabarits qui recadrent et redessinent un paysage. Le son de la vidéo baigne l’espace d’une atmosphère étrange, voire inquiétante, tout en apportant une dimension concrète au paysage imaginaire projeté. Il est une piste de compréhension de l’objet filmé présenté. La vidéo nous parait être entièrement fabriquée numériquement alors qu’il n’en est rien. Le son a été enregistré au même moment et dans le lieu où le film a été tourné, pendant le festival de musique électronique Astropolis. Les enfants en grand nombre couraient, criaient, dansaient et s’amusaient dans l’enceinte même du Centre d’art.
Les contre-formes extraites des gabarits mêmes et les restes des panneaux dans lesquels ont été découpés les gabarits, sont redécoupées dans différents matériaux puis, assemblés et déclinés en support, étagère, présentoir, sorte de mini autel supportant des contre-formes. Certaines sont en bois brut ou en plexiglas, d’autres sont peintes ou encore recouvertes avec un revêtement adhésif Venilia imitant la nature (roche, bois). Les couleurs et les matériaux utilisés se retrouvent dans les images projetées à travers les gabarits. On se rapporte ici à la nature factice & synthétique rappelant l’idée du décor dans le cinéma. La forme, la disposition, la mise en scène & la mise en espace des éléments en bois et en plexiglas replaqués par des éléments de nature factice rappellent un univers sacré ou une collection d’éléments géologiques et géométriques extraits d’un paysage synthétique. Les contre-formes sont réalisées en utilisant les principaux panneaux de bois standardisés vendus sur le marché (OSB, MDF, contreplaqué, aggloméré) et du plexiglas, permettant une certaine variété dans les sculptures assemblées. Tel un jeu de construction, l’assemblage des sculptures géométriques est pensé comme on construit un paysage de jardin à la française, avec des formes géométriques, cette fois-ci, issues des contre-formes des gabarits mêmes. L’assemblage en strates des sculptures rappelle celles géologiques pouvant symboliser également les différents niveaux de lecture & de compréhension de l’installation. Les sculptures sont à la fois des objets autonomes et des éléments de scénographie, formant le paysage de l’exposition. L’agencement de ces matériaux à l’esthétique standardisée et le design en kit des sculptures font écho à ceux utilisés dans l’aménagement d’intérieur. Le titre de l’exposition « Paysages d’intérieur » en fait entre autre référence.