Cinéma néo-Renaissance
Cette pièce évoque l’hybridation d’époques et de styles éclectiques de l’architecture du château de Kerguéhennec. La nature fait son cinéma et migre du sauvage au construit en passant par le décoratif. Une interface anachronique, révélée par la lumière. Comme celui du Thabor à Rennes, le parc du Domaine de Kerguéhennec a été dessiné par le paysagiste Denis Bühler. Dans une continuité spatiale et temporelle, mon invitation en résidence à Kerguéhennec m’amène à prendre en considération le contexte du château et du parc. Cette fois-ci, la découverte de nombreux motifs décoratifs évoquant ou reproduisant la «nature» (végétaux, vermicules, etc.) dans l’architecture du château et son mobilier a attiré mon attention et a orienté mes préoccupations artistiques pour mon projet de sculpture. La pièce Cinéma néo-Renaissance évoque un déplacement du faux, de l’imitation et de la représentation de la «nature», dans la «nature», tel le copier-coller que l’on pourrait utiliser dans un logiciel de retouche d’image. Partant d’un gag, à l’instar du GLNJ (Gang de Libération des Nains de Jardins, sévissant fin des années 1990), la «nature» se trouve «libérée» en extérieur, dans le parc de Kerguéhennec. En effet, la sculpture en bas-relief, est composée de motifs décoratifs représentant des éléments de nature, inspirés de différents styles et de différentes époques, aux courbes végétales et organiques: les feuilles d’Acanthe (figure d’ornement par excellence) et des empreintes d’insectes (vermicules), que l’on peut observer dans l’architecture et le mobilier du château de Kerguéhennec. Ces éléments sont agrandis à l’échelle humaine pour venir s’inscrire dans le paysage et composer un bas-relief à l’allure fantomatique venant apparaître à l’entrée du parc de sculptures. Naviguant entre un fond de scène/décor de théâtre en extérieur ou un écran de cinéma de plein-air, l’usage de l’espace devant la sculpture (événement, pièce de théâtre, projection cinéma au verso de la sculpture, etc.) et l’interprétation de la sculpture même sont laissés libres et ouverts à l’imagination du public. À l’image du style éclectique du second Empire transpirant dans l’architecture du château, ma pièce à Kerguéhennec joue avec cette évocation d’hybridation de styles, mais aussi d’empreintes et de contre-formes, de fait main incluant les erreurs et de transformation de l’image par le numérique. Telle la composition en pixels d’une image numérique, le bas-relief est composé de 95 blocs sculptés de béton cellulaire et assemblés pour composer une image dans le paysage. Le béton cellulaire est un matériau peu onéreux et industrialisé qui fait sens ici car il est utilisé à la fois dans la construction de maisons et bâtiments et dans la sculpture pour amateurs. Son utilisation dans ma pièce évoque par un clin d’œil la pierre de taille dite plus «noble» composant autrefois des bas-reliefs.
Remerciements pour l’aide apportée dans la fabrication de cette pièce: Hélène Fossati Vaudour, Victor Vialles et Noémie Ballof.