L’exposition de David Ryan à la Maison Salvan apparaît comme la cartographie temporaire de sa mémoire intime. L’artiste y manifeste des êtres qui lui sont chers ou qui l’interrogent profondément : membres de sa famille, amis, artistes, figures de l’histoire politique et sociale… Dans cette assemblée se détachent des protagonistes du conflit nord-irlandais. David Ryan est Irlandais, par sa mère, tout en ayant grandi en France. Il s’est ainsi très vite retrouvé confronté aux conséquences de la guerre tout en devant penser sa position de personne à la fois impliquée et extérieure, de personne qui revendique son indépendance. Dans la matière présentée, l’artiste s’implique et se dévoile pudiquement au travers d’alter égos : le Bushman et le Chasseur de trèfles. Cette présence discrète lui permet d’apporter des variations quant à sa manière de se positionner dans le théâtre des hommes que son travail met en scène. Il est devenu le Chasseur de trèfles durant une période de rupture et de doute profond quant à sa démarche d’artiste. Lors d’une performance, le Chasseur de trèfles, vêtue d’un costume de camouflage de sniper, en tueur donc, se vit baptisé par des enfants de Belfast. Ils le nommèrent le Bushman (l’homme buisson), le ramenant par-là du côté du vivant. Depuis quelques années, ses expositions s’apparentent à de grands opéras visuels scandés principalement par de grands blocs de dessins qui organisent la prolifération de sa production artistique. Ses propositions impliquent de nombreuses collaborations, autant de brèches dans son système de travail qu’il souhaite ouvert, autant de prétextes à rendre instable ce qui pourrait être trop maîtrisé. Pour cette exposition, Ninon Lacroix, Elouen Bernard et COLE sont ainsi invitées à apporter des contributions. Avec celle-ci, promouvant une forme de réparation des êtres, une forme d’espoir (soulignée par le titre retenu), David Ryan construit un nouveau chapitre de sa démarche pulsante.