Damien
Rouxel

02.08.2023

Des corps à montrer et à représenter

Performance dans le cadre du festival Excentricités VIII, ISBA, Besançon, avril 2017.

Dans un miroir, cadre de la scène, le reflet d’un corps masculin nu marqué par la culture se drape, se transforme dans une salle de bain. Cette serviette éponge qui prépare le corps à revêtir son costume devient l’image d’une mue aux signifiants culturels forts. Cette salle de bain où se travaille l’image de soi que l’on projette pour se protéger se crée dans cet espace intime. Cet espace protecteur où ce corps peut être ce qu’il veut et sans même avoir conscience de ce qu’il traverse. Le frottement de ce tissu souligne ce corps autant qu’il le cache. Ce miroir qui donne la possibilité d’être « non fixé » permet à ce corps de traverser la culture : de la statuaire antique à la représentation actuelle du corps. Ces transformations sont à l’image de l’évolution du corps et de sa représentation, de la puissance culturelle sur la chair. Cette serviette éponge, ayant pour rôle d’essuyer le corps après que celui ci se soit lavé, ici se voit devenir drapé avec son pouvoir évocateur. Le drapé lié à l’érotisme cache en général les corps mais les révèlent par la même occasion. Le corps est politique, sa nudité tout comme ses vêtements le sont aussi. Qu’importe le vêtement porté celui ci devient image, image d’une société, d’un genre, d’un style, d’un statut social… Un corps debout sur un socle, tel une sculpture, avec une serviette éponge sur la tête cachant la totalité de son corps attend. Au son d’une voix, le corps se meut, adoptant des poses évocatrices de l’histoire de la représentation. Paroles traitant du corps, de ses considérations, de ses évolutions, de ses représentations…

Damien Rouxel © Adagp, Paris