L'hiver te demandera
L’hiver te demandera ce que tu as fait l’été, 2013
Carton de l’exposition, 21 x 14,8 cm
Galerie melanie Rio, Nantes
L’hôtel particulier qui accueille aujourd’hui la galerie melanie Rio conserve, malgré sa récente réhabilitation, de nombreuses traces de son passé domestique, comme la proportion des pièces, la présence des moulures et des cheminées. Benoît-Marie Moriceau a isolé ces éléments pour mettre en récit la galerie. C’est donc en partant de ce contexte chargé et pourtant inaccessible, celui d’un aménagement qui a existé, mais dont on ne peut plus rien savoir, qu’a été réinventé, sur un mode fictif, le portrait d’un intérieur domestique. Ce portrait convoque implicitement les nouveaux occupants du lieu, à l’instar de cette photographie réalisée par Franck Gérard qui met en scène la galeriste posant à côté d’un chien de garde. La cheminée a été ramonée pour y faire du feu qui est alimenté pendant toute la durée de l’exposition, diffusant cette chaleur et cette odeur caractéristiques du temps où la cheminée était le lot commun des espaces habités. Un radiateur en fonte a été replacé à l’endroit exact où il était installé avant d’être retiré pour libérer de l’espace pour l’accrochage des oeuvres. Sa présence insignifiante modifie peu les choses, si ce n’est en faisant surgir une configuration passée qui souligne les choix qui ont été opérés lors du changement d’affectation de l’hôtel particulier.
Dans le hall d’entrée, dissimulé derrière un miroir sans tain, un manteau de fourrure est suspendu à une patère.
L’installation 1286 Bloor Street W, 1913 - mettait en jeu de manière similaire le passé du lieu en partant de preuves tangibles et pourtant anecdotiques de son histoire. Benoît-Marie Moriceau avait alors mis en récit des objets chinés et récupérés tout autour du lieu d’exposition. Un chapeau, une boule de billard ou un citron étaient ainsi placés dans des espaces vitrés du centre d’art et surgissaient comme des images fantomatiques, réminiscences des usages successifs du bâtiment. Chez mélanieRio, le dispositif rend l’espace d’accueil inaccessible et prive ainsi le visiteur de ses repères habituels. À la place, l’artiste a invité l’équipe de la galerie à prendre en charge la médiation de l’exposition comme on ferait le tour du propriétaire. L’hiver te demandera ce que tu as fait l’été propose ainsi un double jeu permanent entre l’espace d’exposition et l’espace domestique qui renforce les tensions entre les deux imaginaires convoqués.
Le titre de l’exposition peut être entendu de plusieurs façons.
S’il renvoie à la morale ambivalente de la fable bien connue , il souligne aussi la dimension philosophique et existentielle du proverbe roumain qu’il emprunte. Sur le carton de l’exposition figure l’image d’un tas de bois dispersé de façon anarchique.
L’arbre mort qui s’élevait encore l’été dernier dans le parc a en effet été abattu puis débité en morceaux. À défaut de piquets, les bûches ont été calées entre trois jeunes arbres plantés il y a quatre ans. Le tas de bois, qui sert à alimenter la cheminée, met ainsi en tension son double emploi, fonctionnel et sculptural. L’hiver te demandera ce que tu as fait l’été comporte enfin une dimension autobiographique que l’urgence du graffiti réalisé en guise d’annonce résume bien.
L’artiste Blaise Parmentier a été invité à tagger la formule sur l’affiche de la précédente exposition, toujours en place sur la façade de la galerie. Une façon de plus pour Benoît-Marie Moriceau, d’éprouver la capacité d’un contexte, quel qu’il soit et en dépit de son inefficience, à alimenter la création et à stimuler de nouvelles propositions.
Joëlle Le Saux
(Extrait du dossier de presse de l’exposition)
L’hiver te demandera ce que tu as fait l’été, 2013
Peinture aérosol sur affiche imprimée, 228 x 131 cm. Avec Blaise Parmentier.
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Is the glass half empty or half full ?, 2013
Visite guidée de l’exposition, dimensions variables
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
L’espace d’accueil de la galerie met à disposition du public la documentation relative à sa programmation : dossiers d’artistes, catalogues, communiqués de presse…
Pour cette exposition, Benoît-Marie Moriceau rend cet salle temporairement inaccessible, et de cette façon, dépossède le visiteur de ses repères habituels. En substitution, il propose à l’équipe de la galerie de prendre en charge une visite commentée, et d’instaurer librement un double langage, entre le «tour du propriétaire», et le récit d’une exposition.
May I take your coat Ma’am ?, 2013
Manteau de fourrure, miroir sans tain, dispositif d’éclairage, 216 x 75 cm
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Home, Sweet Home et Blur and Bright, 2013
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Blur and Bright, 2013
Voilages, 316 x 180 cm (x 5)
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Home, Sweet Home, 2013
Feu de bois, dimensions variables
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Expandable table (Mum and Dad), 2013
Table en bois, nappe, chandeliers, 375 x 213 x 78 cm
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Lorsqu’on change de lieu de résidence, on ressent généralement le besoin de rapporter un ou des objets très personnels qui font que l’on se sent immédiatement chez soi.
Ici, l’artiste à voulu jouer de ce principe en rapportant un objet significatif, une table de famille qu’il a emprunté à ses parents pour l’occasion. Une table qu’il connaît depuis toujours, et qui a pour particularité de se déployer pour accueillir un grand nombre de convives. L’objet, très sculptural, renvoie à ce geste rituel du déploiement pour les réunions familiales. Dépourvu de ses rallonges et présenté avec une nappe correspondant à son format replié, il évoque un instant figé, instantané, qui pose l’ambiguïté de la situation. Est-ce qu’on arrive trop tôt ou trop tard ? Est-ce que la fête se prépare ou vient de se terminer ?
Another light for another mood, 2013
Lampe à incandescence, chandeliers et bougies, feu de cheminée et lumière du jour, dimensions variables
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Plantes d’intérieur, 2013
Chlorophytum comosum, Epipremnum aureus, dimensions variables
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
You can play a little before you go to bed, (Rafaël et Issaé), 2013
Bûchettes de bois, dimensions variables
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Sans titre (replacement), 2013
Radiateur en fonte, 95 x 66 x 20 cm
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp - Photo : André Morin
Brand new vintage carpet, 2013
Tapis, 250 x 165 cm
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp Photo : André Morin
Cameraria Orhidella, 2013
Tas de bois, 526 x 400 x 50 cm
© Benoît-Marie Moriceau / Adagp Photo : André Morin
1/ L’hiver te demandera ce que tu as fait l’été, 2013
Peinture sur affiche imprimée
228 x 131 cm
2/ Is the glass half empty or half full ?, 2013
Visite guidée de l’exposition
Dimensions variables
3/ May I take your coat, Ma’am?, 2013
Manteau de fourrure, miroir sans tain, dispositif d’éclairage
216 x 75 cm
4/ The best secret is the shared secret of all, 2013
Cachette sous carrelage à damier
20 x 20 x 5 cm
5/ Home, Sweet Home, 2013
Feu de bois
Dimensions variables
6/ Blur and bright, 2013
Voilages
316 x 180 cm (x 5)
7/ Expandable table (Mum & Dad), 201
Table en bois, nappe, chandeliers
375 x 213 x 78 cm
8/ Plantes d’intérieur, 2013
Chlorophytum comosum,
Epipremnum aureus
Dimensions variables
9/ Sans titre (replacement), 2013
Radiateur en fonte
95 x 66 x 20 cm
10/ Another light for, another mood, 2013
Lampe à incandescence, chandeliers et bougies, feu de cheminée et lumière du jour
Dimensions variables
11/ Portrait of the galerist with watchdog, 2013
Photographie numérique
28 x 19,5 cm
12/ Brand new vintage carpet, 2013
Tapis
250 x 165 cm
13/ You can play a little before you go to bed ( Rafaël & Issaé), 2013
Bûchettes de bois
Dimensions variables
14/ Cameraria ohridella, 2013
Tas de bois
526 x 400 x 50 cm
Benoît-Marie Moriceau © Adagp, Paris