Reliefs & contrebas
Photographies : Ludovic Zeller, © adagp et l'artiste
On voit avant de savoir parler et on ne voit que ce qu’on regarde. Donc regarder c’est choisir. Tout ça avec ce que nous savons ou croyons.
Je rentre sous la tempête, celle de 1999 qui arrache des arbres centenaires comme de mauvaises dents. Et capable de faire danser un toit de tôle. Tôle après tôle. Je suis en totale vigilance orange, attention maximale, crispée sur mon volant. Une apparition blanche comme la dame blanche traverse la route. Un truc que j’essaye d’éviter, qui n’est en réalité qu’une plaque de polystyrène inoffensive.
Pendant l’hiver 1358 s’est formé un amas considérable de déjections, boues, immondices s’accroissant chaque jour. Tellement que les piétons ou cavaliers ne pouvaient sortir de leurs demeures sans s’exposer à des difficultés et recueillir des souillures sur leurs corps ou leurs vêtements. Aujourd’hui, on ne craint pas de se faire surprendre par un trou dans le bitume. La voirie l’aura aussitôt circonscrit d’une barrière à hauteur d’yeux. On n’a plus à scruter le sol. Si on le fait, c’est qu’on cherche quelque chose.
“Le sol est moins distant que le papier”, cette phrase de John E. Jackson, j’ai cru l’avoir trouvé dans un caniveau. J’enchâsse souvent l’objet de mon attention dans celui de ma distraction.
B.R