Texte sur Tristan Deplus par Mathilde Chénin, 2024
Le Réseau documents d’artistes a proposé à Mathilde Chénin de prolonger sa réflexion sur des pratiques et des formes artistiques qu’elle désigne comme relevant d’un art en usage — autrement nommées pratiques habitantes de l’art — au sein de sa thèse de doctorat, soutenue en 2022 à la croisée de sa pratique artistique et collective, et de sa position d’apprentie sociologue. Pour cette publication, elle a fait le choix de faire le récit de trois rencontres qu’elle a sollicitées avec des artistes du Réseau documents d’artistes : Tristan Deplus (Documents d’artistes Bretagne), Emmanuel Louisgrand (Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes) et Masahiro Suzuki (Documents d’artistes Provence-Alpes-Côte d’Azur). Trois rencontres comme trois portraits, une plongée dans le parcours respectif de ces artistes, afin de tisser de manière sensible, de proche en proche, un regard sur les formes auxquelles ils donnent lieu et les lieux auxquels ils donnent forme.
L'Atelier A - François Feutrie
François Feutrie a bénéficié d’un portait filmé dans le cadre du partenariat entre l’ADAGP et ARTE. Le film est disponible sur la chaîneYoutube de l’ADAGP et sur le site d’ARTE.
Parcours thématique proposé par Romain Boullot, Chargé de coordination du réseau et de projets culturels pour Bretagne Musées
Ce parcours rassemble des œuvres qui témoignent de l’évolution des paysages et des milieux naturels, en Bretagne ou ailleurs, de l’empreinte humaine sur l’environnement, de relations souvent néfastes entretenues avec le vivant. Certaines œuvres peuvent ainsi rappeler que nos actes collectifs ou individuels ont parfois des conséquences importantes voire désastreuses sur l’environnement, à l’autre bout du monde ou près de chez soi, souvent sans que l’on s’en rende compte. C’est la marée noire de l’Amoco Cadiz à Portsall, sur les côtes bretonnes, en 1978, qu’Alain Le Quernec incite à ne pas oublier, pointant la responsabilité de l’entreprise pétrolière Shell. C’est une montagne découpée à la pelleteuse en Italie, […]
Ce parcours rassemble des œuvres qui témoignent de l’évolution des paysages et des milieux naturels, en Bretagne ou ailleurs, de l’empreinte humaine sur l’environnement, de relations souvent néfastes entretenues avec le vivant.
Certaines œuvres peuvent ainsi rappeler que nos actes collectifs ou individuels ont parfois des conséquences importantes voire désastreuses sur l’environnement, à l’autre bout du monde ou près de chez soi, souvent sans que l’on s’en rende compte. C’est la marée noire de l’Amoco Cadiz à Portsall, sur les côtes bretonnes, en 1978, qu’Alain Le Quernec incite à ne pas oublier, pointant la responsabilité de l’entreprise pétrolière Shell. C’est une montagne découpée à la pelleteuse en Italie, photographiée par Julie Hascoët, à Carrare. C’est l’anthropisation et la dégradation des fonds marins des Calanques, rendues visibles par Nicolas Floc’h.
Les artistes interrogent notre sensibilité à l’égard du vivant, qui semble de plus en plus réduite au fur et à mesure que les modes de vie s’urbanisent ou se numérisent. On côtoie le vivant par l’intermédiaire d’images lointaines ou de plantations artificielles dans des univers citadins, comme c’est le cas dans On the roof de Tristan Deplus. On l’appréhende sous forme de chiffres, via des appareils interposés entre nos sens et le réel, qui en même temps qu’ils nous permettent de le comprendre, paraissent nous en éloigner. C’est le cas des bouées météorologiques évoquées par l’œuvre La dérivante, de Jonas Delhaye.
Des histoires communes entretenues avec les paysages et les milieux naturels apparaissent également dans cette sélection. Dans IH (dédicace à Francis), Pascal Rivet reproduit un tracteur en voliges de bois et se met en scène, sur fond de bocage breton, représentant une culture paysanne qu’il aime. Via leurs oeuvres, Daniel Challe et Elsa Tomkowiak nous parlent de façons d’imprégner les milieux naturels, avec la construction d’ouvrages massifs : le premier dans la vallée de la Tarentaise, la seconde à Pleumeur-Bodoù, dans les Côtes d’Armor. Je sors du dehors, de Babeth Rambault, et Stations, de Steven Pennanneac’h nous évoquent des modes d’habitat individuel, qui semblent grignoter la nature, formatée par le parcellaire.
Photographies, sculptures, peintures, installations ou affiches peuvent ainsi alerter, témoigner d’une histoire des paysages ou encore, plus légèrement, inciter à la contemplation de choses apparemment anodines, comme l’oiseau peint par Anaïs Touchot.