Yves
Picquet

13.12.2021

Linceuls

Vue de l’exposition à l’espace Lucien Prigent, Landivisiau, 2014
Photo : Yves Picquet

/

Vue de l’exposition à la galerie du Sallé à Quimper, 1985
Photo : Yves Picquet

/

Vues d’exposition au C.A.C de Saint-Brieuc, 1985
Photo : Patrice Roturier

LINCEULS
Encore un titre expressionniste neutralisé par l’artiste, qui n’en retient que la dimension formelle : simplement parce que les toiles de cette série sont des corps souples qui conservent l’empreinte. À la suite de Prison(s), Yves Picquet se met ainsi à travailler les toiles libres, à l’acrylique : comme il manipule ce support souple en le mouillant, par froissage, par pliage, il constate vite que l’acrylique craquèle. Dans son atelier, il a des colorants pour textile, des encres à l’eau résistantes aux UV qui ne sont pas faites pour peindre. Yves Picquet s’approprie pourtant ce matériau, dont la gamme très courte le séduit, car il souhaite alléger son travail chromatique. Depuis 1983, il a ainsi domestiqué ce matériau inadéquat, et ces couleurs industrielles qui n’ont rien d’extraordinaire sont devenues comme une seconde peau.
Pour Linceuls, l’autre matériau de base est le coton à drap, et la technique conductrice le pliage. La toile mouillée reçoit un magma de couleurs passé grossièrement au pinceau, le tissu s’imprègne des colorants, et la méthode de pliage mise en place définit un rythme et un trafic. Ces cassures, ces signes révélés sans dessin doivent beaucoup au colorant blanc, très transparent, qui peine à saturer ce qui est en dessous. D’où les variations infinies de ces valeurs nuancées : palimpsestes denses et diaphanes, les Linceuls rejoignent une lignée profuse, qui passe par Max Ernst et Simon Hantaï. Trouver des moyens de provoquer le hasard, inventer des processus, peindre à l’aveugle pour mieux voir la peinture.

Extrait du texte «Yves Picquet, traces de peinture» de Eva Prouteau, septembre 2015

/

Sérigraphie sur mélaminé, vues de l’exposition au Centre d’action culturelle St Brieuc, 1983.