Yves
Picquet

13.12.2021

Déclinaisons

Déclinaisons
Colorants sur coton, modules dépliés, marouflés sur toile souple.
Vue de l’exposition au Quartz, Brest, 1994
Photo : Yves Picquet

DÉCLINAISONS
Lorsque Yves Picquet commence à égrener les règles mises en place pour créer Déclinaisons, la liste est longue : humecter au brou de noix, frotter contre le couvercle circulaire d’un tonneau de bois, plier, peindre, déplier, lacérer le tissu, assembler, maroufler… Les mots du peintre Philippe Richard reviennent en mémoire : « Ce ne sont pas des contraintes, plutôt la mise en place d’un système permettant à l’œuvre d’être viable, comme pour un être vivant (…) Comme a dit Démocrite, il y a une grande part de hasard et une autre de nécessité. »2
Le titre l’indique d’emblée, ce qui intéresse l’artiste dans ces protocoles de sérialité contraints, ce sont les variations qu’ils génèrent, ce qui échappe, et somme toute, au-delà de la règle, une esthétique du dérèglement ainsi qu’une réflexion sur la maîtrise de l’aléatoire. Spatialisées sur de grandes compositions murales qui parfois filent au sol, les Déclinaisons rappellent certaines des sources d’inspiration citées par un autre artiste autodidacte — François Morellet — qui puisa dans les arts primitifs son impulsion abstraite. Les motifs géométriques que déploient les tapas polynésiens et leurs tissus d’écorce battue, les motifs de l’art islamique, recouvrant les surfaces architecturales en all over comme à l’Alhambra de Grenade, les marbres ajourés du mausolée de Fatehpur Sikri, en Inde, les mosaïques byzantines de Xanthos, en Turquie…Autant de combinaisons à la fois simples et multiples engendrant comme un mouvement dans la mémoire visuelle : chez Yves Picquet, ce rythme minimal privilégie la réduction systématique des couleurs aux seules nuances de blanc, noir, et brou de noix, pour finalement échapper à tout systématisme.

Extrait du texte «_Yves Picquet, traces de peinture» de Eva Prouteau, septembre 2015

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Déclinaisons Sérigraphies sur papier journal, modules marouflés sur carton léger.
Vues de l’exposition à la Chapelle de Loc-Mazé, Le Drennec, 1994 Photo : Alain Le Nouail

+ Voir le film Déclinaison sur le site de l'Université Rennes 2

+ Voir les séries Macules et Le chant du signe