Madeleine pénitente
Cet ensemble évolutif au gré de ses expositions successives expose les infortunes de la Madeleine pénitente (1793-1796) d’Antonio Canova, à travers les copies tronquées, les commentaires douteux et les prolongements plus ou moins hasardeux dont cette sculpture a pu faire l’objet à travers le temps.
Ce projet a pour origine la rencontre de l’artiste en janvier 2009 avec une copie de la Madeleine pénitente du sculpteur néo-classique Antonio Canova, située sur un îlot dans le parc du domaine de Chamarande, en région parisienne. Aux abords de cet îlot, Yann Sérandour remarque alors un panneau explicatif endommagé par les intempéries qu’il photographie. Celui-ci indique au promeneur :
« La Madeleine pénitente a été déplacée des communs du château et installée sur l’île par Gino Silvestri, gendre d’Auguste Mione à la fin des années 1950. Une hypothèse a été émise par Clario Di Fabio, directeur du Museo di Sant’Agostino à Gènes, pour dater cette Madeleine pénitente. En effet l’original de Canova a été exposé à Paris au Salon de 1808. Mais à son arrivée d’Italie, une restauration a été nécessaire car le transport avait endommagé la statue et ses doigts étaient brisés, tout comme sont ceux de la copie. Cette dernière a donc dû être réalisée à partir du modèle non restauré de l’œuvre de Canova à Paris, en 1808. »
En regard de cette hypothèse aussi intrigante que douteuse, Yann Sérandour prolonge à l’occasion d’une exposition personnelle à gb agency en mai 2011 l’histoire des déplacements et infortunes de la Madeleine en proposant à un restaurateur d’art de sculpter les parties manquantes de la statue. Les dix fragments qui composent alors sa Madeleine pénitente complètent parfaitement les mains de la sculpture de Chamarande qui est déplacée pour l’occasion dans l’espace de la galerie. À un détail prêt : le restaurateur, sculpteur à ses heures, a pris la liberté d’utiliser pour modèle non les doigts d’une jeune femme, mais ses propres doigts.
Lors de sa seconde présentation à Turin en novembre 2011 (Artissima, Present Future), Yann Sérandour demande au commissaire d’exposition Christophe Gallois qui l’avait invité à cet événement de rédiger une notice sur ce travail. Traduit en italien puis composé au plomb (mise en page Coline Sunier et Charles Mazé), ce texte est encadré aux côtés d’une illustration gravée de la Madeleine provenant d’un exemplaire original du catalogue du Salon de 1808. Le cadre est présenté à proximité des doigts qui sont alors posés sur un socle aux dimensions de la sculpture absente. Le sol est quant à lui recouvert de feuilles de papier marbré mécanique.
Les éléments de ces différentes présentations ont finalement été consignés dans trois boîtes, à la fois moyens d’archivage, de conservation mais aussi de présentation.
Reproduction mécanique en fonte de fer de la Madeleine pénitente de Canova (h. 50 cm) et ensemble de trois boîtes Muséum recouverte de toile Buckram : boîte verte (dix fragments de marbre reconstitué, tirage Lambda monté sous Diasec) ; boîte lie-de-vin (catalogue du Salon de 1808, impression typographique sur papier, capot en verre acrylique) ; boîte châtaigne (catalogue de la foire Artissima 18, insert papier marbré mécanique, capot en verre acrylique), 43,2 x 52,5 x 6 cm chacune.